J'ai bien rigolé, en lisant le dernier billet de Vincent Bénard : je me suis imaginé l'oeil exorbité de l'écolo lisant l'article. A vrai dire, il prend vraiment à rebrousse-poil la doxa ambiante sur le transport. On ne jure plus que par les transports collectifs notamment ferroviaires, or, Vincent Bénard observe qu'ils coûtent une véritable fortune en termes d"investissements, alors qu'ils assurent moins de 5% des déplacements. A comparer avec l'automobile qui en garantit 86% ! Vincent Bénard remarque que le chemin de fer est apparu au XIXème siècle : c'est un moyen de transport qui a connu son âge d'or aux deux derniers siècles, mais, fondamentalement, ce n'est pas un manière de se déplacer qui correspond à la demande de mobilité qui est la nôtre. En réalité, rien, absolument rien n'égale la performance de l'automobile, sauf à lui mettre des bâtons dans les roues, ce en quoi excellent Socialistes et Verts.
Sur la foi de ce qu'il affirme, je me plais parfois à faire un calcul : combien coûte la mise en place d'un TER ? Il cite par exemple la ligne Nantes-Chateaubriant qui coûtera 200 millions d'euros d'investissement. Voyons, 200 millions d'euros d'investissement, c'est le prix de 10 000 berlines genre peugeot 407 (on trouve de belles remises en 1 litre 6 diesel, actuellement). Voyons, selon le Direction Régionale de l'Équipement, on peut tabler sur 4 000 trajets quotidiens. Donc, en gros, si le Conseil Régional faisait l'acquisition de 4 000 407 peugeot, ça lui coûterait 60% de moins, pas de frais d'entretien massif, en comparaison du matériel roulant du rail (estimé à 40 millions d'euros) pour le même résultat...
Extrapolons : c'est peut-être plus rentable de payer une ligne de bus, avec un bus rapide, confortable et performant pour les voyageurs qui ne veulent vraiment pas de la voiture, et des automobiles pour les autres. En outre, quand je compte 4000 407, c'est un passager par véhicule. Si je remplace une 407 par une 107 peugeot, par exemple, ce n'est plus 4000 bagnoles mais 12 000 que l'obtiens comme parc.
Bon, évidemment, il faut avoir le courage d'investir dans les infra-structures routières. A défaut d'un carburant, propre, on peut mettre en place des véhicules électriques. C'est plus cher que des automobiles diesel, mais toujours moins que la ligne de chemin de fer...
Côté bilan Carbone, on l'ignore, mais ne pas oublier que l'automobile recycle 90% de ses composants. Une sacrée performance. Pourquoi Peugeot ? Parce que Peugeot maintient 2/3 de ses emplois en France, alors que Renault en délocalise la même proportion. Alors autant favoriser l'industrie qui se trouve sur notre sol.
J'ai pris cet exemple dans les Pays de la Loire, mais en île de France, il y a de la marge aussi. Vincent Bénard observe que 60% des déplacements se font de banlieue à banlieue : il vaudrait mieux finir de boucler l'A86 une bonne fois pour toutes, et penser à de nouvelles voies de circulation plutôt que de construire des lignes tangentielles coûteuses, peu pratiques et peu exploitées.
Il y avait eu un débat serré sur ce blogue, au sujet du bouclage de l'A86 entre Alain Lipietz et moi, au moment de la législative partielle de Plaisir dans les Yvelines, en octobre dernier. Je suis très étonné, comme Vincent Bénard de ne pas voir ressurgir le sujet pendant ces régionales. Pas de chance : il y avait une liste centriste qui voulait en faire l'une des pierres angulaires de son programme, Plan d'Urgence, mais elle n'a pas réussi à se constituer. Cette liste observait que les autres listes cèdent à des effets de mode sans considérer l'île de France à long terme.
Ils sont un peu durs : il y a tout de même une liste qui a eu le courage d'en parler dans son programme. Je suis content que cette liste soit celle d'Alain Dolium, donc, du MoDem.
Q33 : Je ne bénéficie pas de transports en commun car j’habite dans une zone rurale. Pour me déplacer, je prends ma voiture mais aller à Paris est une vraie galère. Comment améliorer la circulation ?
1. l’achèvement des rocades de contournement pour détourner les trafics de la zone centrale de l’agglomération ;
2. la mise à l’étude de voies dédiées au fret routier pour limiter le nombre de camions en transit ;
3. la mise en place d’une voie supplémentaire sur certains tronçons de route ;
4. le développement de l’information en temps réel (IdF trafic 24/24) sur des supports variés.
Se pose également la question des tronçons d’autoroutes payants en Île-de-France (A10, A4, A6 ou A14) : quand les réseaux de transports en commun font défaut, il s’agit de trouver des solutions compensatoires (que la Région pourrait engager avec l’État et les concessionnaires d’autoroutes) en faveur des automobilistes concernés. Il nous parait indispensable que la Région puisse avoir une compétence régionale spécifique pour les voies autoroutières régionales, afin d’optimiser le réseau. Enfin, des voies spécifiques dédiées aux deux-roues permettront de diminuer le flux sur certains axes.
Q34 : Les poids lourds provoquent des nuisances lors des traversées d’agglomérations, existe-t-il un moyen pour réduire le flux de ces camions ?
R34 : Le transport routier répond encore à une nécessité de notre tissu économique. La protection de notre environnement nous impose cependant de concevoir le transport de marchandises en fonction des objectifs de développement durable. La priorité est de réduire le flux de camions qui traversent la région sans s’y arrêter. C’est pourquoi, nous proposons de :
- Mettre en place un schéma régional pour le fret, de façon à limiter les transits par camion de marchandise dans la région : fret à grande vitesse, ferroutage et voies fluviales ;
- Aider à l’acquisition de véhicules propres pour les collectivités et les transporteurs assurant des dessertes locales. Nous développerons aussi des zones intermédiaires de stockage logistique pour limiter les déplacements de poids lourds dans les agglomérations.
Pas de risques de trouver quelque chose de ce genre ailleurs. Chez Europe écologie, même pas la peine d'y penser, même en rêve, et côté UMP et PS on cherche bien trop à surfer sur la vague de l'écologie pour se risquer à de telles déclarations. Sans surprise, le MoDem reprend la position qui était celle de Richard Bertrand à la législative partielle sur la nécessité des bouclages de contournement.
Conclusion, ceux qui se retrouvaient dans le programme de Plan d'Urgence, peuvent en retrouver quelques éléments dans celui du MoDem.
Tiens, je lisais le dernier numéro de l'Itinérant, un journal de rue francilien vendu par des SDF: ça fait deux trois numéros que Ladislasz Von Martinidesz, l'éditorialiste, leur taille un sacré costard aux écolos, avec un certain nombre de réflexions de bon sens sur les incertitudes climatiques (par exemple, que les effets d'un réchauffement climatique se font sentir plus de 200 ans après son début, ou encore qu'il y a 8 000 ans, l'ours polaire existait déjà et a survécu à un réchauffement bien plus intense que celui auquel on s'attend à l'heure actuelle). Clairement, l'Itinérant s'est rangé dans le camp de ceux qu'on appelle les climato-sceptiques, et goûte très modérément, c'est le moins que l'on puisse dire, l'écologie boboïsée et les leçons de morale de nos écolos de salon...
Commentaires
Euh...Plan d'urgence: c'est une blague? Nous ne sommes pas encore en Avril!!! ;)
Rien compris au Federbush....C'est coaaa? Une histoire de poisson dans un bocal?
Zarbi...Feder une terminologie de programmes européens, bush plutot anglo/Australo/Afro/US. Nouveau plan Marshall c'est ca? J'ai tout bon? :DDDD
Quoique bush pas très populaire chez nous...
Oups !!!!Je sais, je sors.
J'ai fait un billet sur le sujet et en son temps, j'avais fortement conseillé à Dolium de se démarquer des autres candidats en se prononçant sans ambiguïté en faveur de l'amélioration de la circulation de la VP. Il a un peu avancé sur le sujet mais pas assez pour provoquer l'électrochoc qui était nécessaire. Il aurait dû provoquer une colère toute verte chez Duflot et les cris de Jouhanneau entre autres. Les VP sont un mode de transport indispensable aux Franciliens. Faire sauter les bouchons, c'est améliorer la vie de tous ces prisonniers de la route et c'est lutter contre la pollution de ces voitures qui passent 4 heures par jour sur la route alors qu'une heure suffirait. Bien sûr qu'en parallèle, il faut moderniser les TC et là aussi en rentabilité, bien souvent le bus tant décrié est bien plus efficace que les trains ou les métros. Dommage Dolium n'a pas crié assez fort et vite, il gagnait au moins 5% de voix de plus et il montrait son pragmatisme.
@André,
Vous savez, autrefois enfin il n'y a pas si longtemps non plus :) les grands groupes ramassaient leurs employés. :)
Le choix existait:
1 ramassage employeur/2 ramassage E-transport en commun/ 3 véhicule personnel.
Puis ce fut: 1 Transport en commun et ramassage-employeur fonction des horaires / 2 véhicule personnel.
Entre temps les transports en commun sont devenus peu fonctionnels avec de nombreux disfonctionnements et une forme d'insécurité sur certaines lignes ( j'ai très souvent fait des détours pour raccompagner des collègues).
Donc...
@+
Salut André
dommage qu'il n'ait pas saisi au vol cette opportunité, tous les autres candidats ayant délaissé le terrain...
Un billet intéressant !
(non pas que les autres soient nuls, mais celui-là l'est plus particulièrement ;) )
Salut H16
c'est le billet d'Objectif liberté qui est intéressant, surtout
Que d'éloges ! Merci.
Une petite précision. On ne peut absolument pas tabler sur 4000 passagers quotidiens sur Nantes Chateaubriant, puisque c'est le chiffre sur Nantes-Saint Nazaire (via savenay, donges etc...) qui dessert un bassin de vie autrement plus peuplé.
moins de 2000 passagers jours parait plus réaliste, et encore.
Mais il y a pire: je viens d'entendre que le cout de Tours Bordeaux, qui permettra de gagner royalement 30-40 minutes entre paris (centre) et bordeaux (centre), est estimé à 7,2 Milliards. Soit presque autant que les seules recettes au guichet de la SNCF pour toute la France !!! Ahurissant.
L'appel d'offres prévoit que ce soit réalisé sous forme de concession, autrement dit, on demande au privé de prendre en charge l'aménagement dans la plus grande proportion possible en échange d'une concession d'exploitation de 35 ans.
Sauf que ce système n'est rentable pour le contribuable que si la subvention publique est de zéro. Or, là, il est probable que les privés en prendront entre 1 et 2Mds (voire moins) mais demanderont une subvention publique de l'ordre de 5 à 6... On nage en plein délire économique.
J'espère sans trop y coire un sursaut de la raison face à de telles énormités.