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La France entre le Soleil et l'atome...

Je prends connaissance, via Rumeur publique sur Twitter d'un communiqué commun des professionnels de l'énergie solaire. En France, les tarifs auxquels l'électricité produite par des indépendants est achetée par EDF sont fixés par l'État, et en particulier le Ministère de l'écologie, de l'économie et du développement durable. Or, en substance, si les tarifs sont arrêtés pour les petits producteurs, il en va tout autrement pour les gros producteurs qui ne se voient aucun prix garanti. Or, en ce qui concerne le solaire, il faut de gros investissements pour une grosse unité de production. Ces derniers ont besoin, comme tous les entrepreneurs en phase d'investissement, de pouvoir se projeter un minimum en avant pour prendre le risque d'investir dans de l'équipement fort onéreux.

Pour que la crédibilité même de la parole de l’État ne puisse pas être mise en cause, il convient a minima que les projets qui étaient à un stade significatif d’engagement réel à la date de publication du nouvel arrêté, soit le 12 janvier 2010, puissent bénéficier des tarifs sur lesquels leur équilibre financier était bâti, faute de quoi de nombreux opérateurs sérieux et de bonne foi risquent de mettre la clé sous la porte.

Pour l’avenir, l’approche pragmatique consistant à introduire une différence de traitement en fonction de la taille des projets mérite d’être soulignée car elle signe la prise en compte d’une réalité bien connue des professionnels : entre une installation de quelques dizaines ou centaines de mètres carrés (quelques kW à quelques dizaines de kW) et un système de plusieurs dizaines, voire centaines, de milliers de mètres carrés (quelques MW à dizaines de MW), les coûts ne sont pas les mêmes.
Les tarifs d’achat ne variant pas en fonction de la puissance, la taille des projets est un critère déterminant de leur rentabilité, même si ce n’est pas le seul. Ce constat étant fait, et la volonté affichée étant d’optimiser le mécanisme des tarifs d’achat pour, entre autres, préserver le pouvoir d’achat des Français tout en soutenant efficacement la filière photovoltaïque, il serait logique que l’arrêté tarifaire rectificatif introduise pour le proche avenir une dégressivité des tarifs en fonction de seuils de puissance, comme cela avait été proposé par nos organisations lors des négociations du printemps 2009.
Au total, tirant les leçons de l’expérience douloureuse qui vient d’avoir lieu, les objectifs du futur nouvel arrêté doivent être d’abord de ne pas anéantir les investissements effectués depuis parfois plusieurs années par les porteurs de projets sérieux, ensuite de garantir un niveau de rentabilité correct à toutes les typologies et toutes les tailles de systèmes photovoltaïques, y compris ceux posés sur bâti et non intégrés qui représentent un potentiel considérable pour un coût réduit, qui plus est sans risque de conflit d’usage des sols, et enfin d’assurer une bonne visibilité tarifaire aux acteurs de la filière, nécessaire pour leur permettre d’investir sereinement pour développer des solutions performantes
.

Cela me paraît clair. On est, en France, dans un système totalement opaque : on ne peut même pas tenter d'anticiper le marché, parce que le marché n'est pas libre ; les producteurs d'énergie dépendent de l'arbitraire du pouvoir politique et de celui d'EDF qui est en situation de quasi-monopole. Comme l'observe 4E dans le même panier, les marchés sont de moins en moins transparents.

En apparence, le photovoltaïque pourrait sembler plus coûteux que le nucléaire et l'on pourrait juger indu ce qui s'apparente à des subventions. La réalité est autre : jamais, dans ses coûts d'exploitation, EDF ne prend en compte la gestion des centrales nucléaires qui seront arrivées à terme et/ou même leur frais de remplacement.

Ce ne sont pas seulement les marchés et les prix qui ne sont pas transparents, mais aussi les coûts. Il faut dire qu'EDF dispose d'un avantage inappréciable sur les marchés financiers : impossible de réaliser une OPA hostile sur son capital, il est détenu à plus de 85% par l'État français.

A vrai dire, bien que penchant sur le libéralisme, je suis très réservé sur l'opportunité de libéraliser un secteur aussi stratégique que celui de la fourniture d'électricité. Que se passerait-il si la seule rentabilité immédiate devenait l'unique critère de distribution d'électricité ? Imagine-t-on des villages coupés du monde, faute de fourniture en énergie, parce que pas rentables ?

Toutefois, sur ce dernier point, on pourrait imaginer que cela soit l'occasion pour de petites unités de production, voire de simples individus, de devenir fournisseur de petites communautés. Mais nul doute alors, que cela générerait de fortes disparités dans les prix de l'électricité, d'une localisation géographique à une autre... In fine, il semble, dans de semblables circonstances, que ce soit la TPE productrice d'énergie qui soit la plus souple, dans un tel contexte : idéalement, il faudrait mettre au point des unités démontables pour s'adapter aux aléas de la consommation et du marché.

Commentaires

  • "Imagine-t-on des villages coupés du monde, faute de fourniture en énergie, parce que pas rentables ?"

    Pas rentables dans un marché où les producteurs doivent composer avec une grille et le raccordement à l'ensemble du réseau, marché d'ailleurs complètement verrouillé par l'Etat qui impose ceci.

    En revanche, dès qu'on s'intéresse à autre chose, et qu'on arrête de se la jouer "mon dieu l'atome saymal on va tous mourir", on trouve des solutions rentables :
    http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/physique-1/d/des-reacteurs-nucleaires-miniatures-en-vente-libre_17323/

    "Our goal is to generate electricity for 10 cents a watt anywhere in the world," said John Deal, CEO of Hyperion. "[The nuclear plants] will cost approximately $25 million each. For a community with 10,000 households, that is a very affordable $2,500 per home."

    On a aussi Toshiba sur les rangs :
    http://www.atomicinsights.com/AI_03-20-05.html

    Dans le futur, peut-être ceci ?
    http://technologyreview.com/read_article.aspx?ch=specialsections&sc=tr10&id=22114

    Au passage, ça niquerait gentiment l'hégémonie du pétrole, dont de l'Arabie Saoudite, de l'Irak et du Vénézuela, ce qui ne serait pas un mal.

    Bref : dans un marché libre, je ne m'inquièterais pas du tout des petits villages.

  • @h16
    Malheureux ! tu veux transformer le monde en désert nucléaire ou quoi ? Disséminer des mini-centrales partout ? et pourquoi pas distribuer des obus nucléaires à la population, tant qu'on y est...!

  • > Or, en substance, si les tarifs sont arrêtés pour les petits producteurs, il en va tout autrement pour les gros producteurs qui ne se voient aucun prix garanti.

    Ah voilà tout s'explique: la corporation veut sa part du gâteau. Il va falloir sortir les petits fours et le champomy pour graisser quelques députés. Quand on voit les dérives sur l'éolien, ça n'annonce rien de bon.

  • "On est, en France, dans un système totalement opaque"
    "EDF qui est en situation de quasi-monopole" "détenu à plus de 85% par l'État français."

    Et EDF ment effrontément aux Français, depuis des années. Seulement, comme c'est l'omerta totale, vue la main-mise de l'Etat aussi sur les médias, pas d'infos transparentes en France.

    J'ai été stupéfaite d'entendre en 1999 après la grosse tempête où tant de gens étaient sans électricité pendant plusieurs jours, le PDG d'alors déclarer sans sourciller sur toutes les chaînes de TV que "la France était le pays qui avait le plus de lignes électriques enfouies" alors que c'est exactement l'inverse.

    Et AUCUN journaliste pour relever ce gros mensonge... c'est comme le nuage de Tchernobyl ou le sang contaminé.

    Les Français gobent bravement ce que le pouvoir veut leur faire avaler...

    Docilement, béatement, sans se donner la peine de regarder juste un tout petit peu derrière leurs frontières.

    Terrible enfermement...

  • "Malheureux ! tu veux transformer le monde en désert nucléaire ou quoi ? Disséminer des mini-centrales partout ? et pourquoi pas distribuer des obus nucléaires à la population, tant qu'on y est...!"

    Toi, tu n'as pas lu les liens fourni. Petit canaillou.

  • @h16
    Ben si justement : les gars disent qu'il ne s'agit d'uranium que faiblement enrichi avec des piles pas destinées à être ouvertes, donc pas de réutilisation militaire. Ok, soit, mais :
    1. tu en fais quoi des piles ensuite ?
    2. Une centrale nucléaire, miniature ou pas, c'est une centrale nucléaire. Tu ne peux pas ignorer le risque d'un emballement ! tu te rends compte : dans chaque commune un risque potentiel !

  • On fait aussi des centrales basées sur le principe de la pile à combustible en extrayant le H2 du gaz de ville. D'excellent rendements selon les vendeurs.

  • Holà l'Hérétique comme tu y vas, je m'étais déjà penché sur ce problème il y a un peu plus d'un mois http://latroisiemevoie.hautetfort.com/archive/2010/01/16/edf-et-le-solaire.html
    Si je te rejoins sur certains points, il y a des précisions qui méritent d'être apportées. Pour la vente à EDF des surproductions du solaire, EDF achetait ce courant à 0.60 cts du KVA pour le revendre entre 0.05 et 0.10 cts le KVA, comme en plus les installations sont subventionnées par l'état il est facile d'imaginer le gâchis et le système ruineux dans lequel ils s'étaient engagés. Le solaire comme l'éolien a de tels coûts de production qu'ils restent et pour longtemps encore hors de prix que ce soit pour le consommateur ou pour l'état qui subventionne. Alors un peu pour amuser les écolos c'est bien, mais pas plus. Je ne parlerai pas des surfaces agricoles abandonnées pour mettre des panneaux et ce n'était qu'un début, au tarif ou ils étaient rémunérés, tous les agriculteurs allaient devenir des marchands de KVA. Quant à ta connaissance du nucléaire, je ne commenterai pas, mais elle me semble relever des années 1950. Tu gagnerai à les actualiser.

  • (addendum : heureusement que la France n'est pas coincée entre le solaire et l'atome... de nombreuses autres filières énergétiques existent et sont plus intéressantes - reste la volonté politique de les développer...)

  • Si le dossier vous intéresse, vous pouvez suivre une partie de ce feuilleton ubuesque ici :

    http://www.arnaudgossement.com/tag/solaire

    (il y a de nombreux autres articles depuis de longs mois, mais l'auteur ayant changé de site internet récemment, je n'ai pas réussi à retrouver le reste)

  • @Bob
    C'est expérimenté quelque part ?
    @André
    zut, alors : je suis passé à travers !
    @florent
    Oui, il existe d'autres biais ; le problème, comme toujours, c'est le coût et la rentabilité.
    Je connais le blogue de cet avocat.

  • @Bob
    C'est expérimenté quelque part ?
    @André
    zut, alors : je suis passé à travers !
    @florent
    Oui, il existe d'autres biais ; le problème, comme toujours, c'est le coût et la rentabilité.
    Je connais le blogue de cet avocat.

  • "1. tu en fais quoi des piles ensuite ?
    2. Une centrale nucléaire, miniature ou pas, c'est une centrale nucléaire. Tu ne peux pas ignorer le risque d'un emballement ! tu te rends compte : dans chaque commune un risque potentiel !"

    Tu n'as pas lu les liens. Le recyclage des piles est mentionné (et compte tenu des quantités traitées, on sait faire, et faire mieux que maintenant). Quant à la partie "emballement", c'est aussi expliqué (et les technologies employées les rendent physiquement impossible).

    Je suis déçu. Je pensais que tu t'intéressais vraiment au sujet.

  • @h16
    Mais si j'ai lu tes liens, nom de nom ! Mais l'argument principal, à ce que j'ai compris, c'est que le container ne peut être ouvert et qu'on ne peut atteindre la masse critique suffisante pour une réaction en chaîne.
    Mais il demeure un risque radio-actif me semble-t-il qu'on ne peut exclure. Que se passe-t-il si le réacteur est malgré tout ouvert (accidentellement ou criminellement) ?
    Se servir de l'uranium présent dans un seul mini-réacteur, je veux bien croire que ce ne soit pas suffisant pour fabriquer un explosif nucléaire, mais quid si tu cumules le combustible de plusieurs réacteurs. En outre, sans aller jusque là, tu peux très bien mettre au point un explosif "sale", c'est à dire dont la nocivité tient surtout à sa radio-activité.
    Par ailleurs, un gramme d'uranium 238, c'est plus de 12000 bequerels et puis de mémoire, c'est bien avec que l'on fabrique du plutonium, lui, hautement radio-actif, non ?

  • "qu'on ne peut atteindre la masse critique suffisante pour une réaction en chaîne."

    Non, ce n'est pas ça. Le fluide utilisé - del'hydrure d'uranium - ne peut produire une réaction nucléaire que tant qu'il est refroidit (ce qui produit du courant). Dès lors qu'il chauffe, la réaction nucléaire ralentit jusqu'à l'arrêt total et refroidissement (autoblocage).

    Tiens, un autre lien : http://tech.slashdot.org/article.pl?sid=07/11/26/0613242

    Pour le risque radioactif, la quantité produite représente, en terme de fuel à recycler, l'équivalent d'une grosse balle de tennis. On sait traiter cela, sans souci, sachant qu'en terme de résidus, ils sont bien moins radio-actifs que ceux des centrales traditionnelles.

    Quant à produire du plutonium à partir de l'hydrure dans ton garage, je te souhaite bon courage ; et pour en faire une bombe, Oppenheimer, avec toute l'armée américaine derrière lui, a merdé. Deux fois.
    http://en.wikipedia.org/wiki/Uranium_hydride_bomb

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