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Le déni de grossesse est-il une pathologie ?

L'affaire Véronique Courjault défraye la chronique depuis quelques semaines. Il faut dire que cette histoire est épouvantable, puisqu'il s'agit d'une femme qui a tué trois de ses enfants à la naissance après avoir apparemment refusé de reconnaître les grossesses préalables. Si j'ai quelques notions de psychologie assez solides, je suis évidemment bien loin d'avoir les compétences d'un spécialiste et mon avis n'engage donc que moi. Je ne peux m'empêcher, pour ma part, d'observer des traits communs entre certains aspects de la psychose hallucinatoire et le déni de grossesse et le déni de réalité. En effet, l'hallucination se définit autant par la présence que l'absence de perceptions en présence ou en absence de stimuli extérieur. Ce qui fait la psychose hallucinatoire, in fine, c'est l'inadéquation entre la perception et le stimulus. Ce que je dis là n'est pas clinique.

Pour ma part, je suis frappé, dans le déni de grossesse par l'existence de similitudes avec la psychose hallucinatoire (je précise que ces termes regroupent en réalité beaucoup de formes de folie ou d'aliénation). Le fait de ne pas vouloir (ou pouvoir ?) prendre conscience de l'existence d'une vie en soi est à comparer avec certains aspects de la scizophrénie.

Est-ce que, dans ces conditions, on ne pourrait pas supposer que le déni de grossesse est une pathologie mentale avec des stades variables de développement, se déclinant parfois avec une issue meurtrière ? Voilà, à mon avis, une question qu'il faut étudier, et qui en entraîne d'autres : la responsabilité des actes dans le cas d'un homicide, et les soins psychiatriques que l'on peut apporter à cette pathologie, y compris quand elle ne débouche pas sur la mise à mort des nouveaux-nés.

Ne pas avoir conscience de la vie en soi, des changements du corps (dans certains cas, toutefois, la somatisation du déni est tellement forte que les modifications physiologiques sont difficiles à détecter), voilà qui interroge et qui devrait entraîner un questionnement sur l'état mental d'une femme, quand bien même la vie reprendrait son cours après la naissance de l'enfant.

Il y a en tout cas au moins une association qui se pose très sérieusement la question de la nature du déni de grossesse, un colloque est prévu sur ce sujet le 10 octobre 2009. Je tends à penser, comme cette association, qu'il y a là en effet un problème de santé publique qui va bien au-delà du fait divers insolite ou de l'épiphénomène. Les actes du précédent colloque sont d'ailleurs parus. J'invite, pour ma part, le Ministère de la Santé et Madame Bachelot à en acheter les droits afin de les rendre publics.

J'ajoute que j'ai d'autant plus de raisons de m'intéresser à ce sujet, que je connais au moins un cas, dans ma belle-famille, de femme touchée par un déni de grossesse (sans issue malheureuse, heureusement, les choses se sont très bien passées après). C'est une question qui m'interpelle depuis un moment, d'autant qu'il faudrait aussi évoquer les maris et compagnons de ces femmes (quand il y en a) qui ne remarquent rien non plus...

Commentaires

  • j'ia lu beaucoup des témoignages de ce site. 1 chose m'a particulièrement frappée, le fait que la grande majorité racontent qu'une grosses invisible pour tous, quelquefois très avancée, le devenait quelques heures, parfois quelques minutes après sa découverte.
    il y a aussi une explication sur la position du bébé qui ne se met pas en position foetale.

    une grande leçon sur les liens entre le corps et le psyché

  • @ Olympe

    Oui, j'ai lu aussi pas mal de témoignages. Il y a des choses étonnantes. La question qui dérange, c'est de déterminer s'il y a une pathologie à la base. Cela pourrait être d'origine hormonale, d'ailleurs : peut-être que certains signaux ne se déclenchent pas et ne parviennent pas au cerveau.
    Le cas de Véronique Courjault est complexe. Est-elle folle, voilà la question ? Ce qu'il y a, c'est que dès lors qu'il y a une stratégie qui se répète (il y a eu trois bébés) il y a nécessairement préméditation, et la pathologie éventuelle ne doit pas exonérer totalement l'individu de sa responsabilité pénale, pour autant que les psychiatres jugent qu'elle soit fondée, bien sûr.

  • Y-a-t-il un lien avec ce qui parait en être l'exact opposé, la" grossesse nerveuse" ?
    On en riait bcp de mon temps avant les échographies

  • @ Gil
    Intéressante question. Les relations entre corps et esprit sont des choses très complexes.

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