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L'Europe et l'aide humanitaire

Les municipales sont finies, et franchement, je commençais à en avoir un peu ma claque. J'ai envie de changer de sujet et de me diversifier un peu plus, tout de même, que ces dernières semaines.

Notamment, en farfouillant à droite et à gauche (euh, non, au centre, en fait :-) ) sur la Toile, j'ai trouvé un rapport très intéressant qui date d'octobre 2007, réalisé par Thierry Cornillet, député européen UDF-MoDem.

Il porte sur les conditions dans lesquelles l'Europe peut mener une politique humanitaire. Thierryr Cornillet définit trois défis que l'Europe doit désormais relever :

Les défis à relever par l'Union européenne

L'Union européenne est confrontée à trois défis auxquels le Consensus européen sur l'aide humanitaire doit apporter des réponses. Premièrement, l'Union européenne doit définir ce qui est pour elle le nouveau périmètre de l'action humanitaire (quand commence-t-elle et quand finit-elle), ainsi que réaffirmer son engagement à respecter et à faire respecter les principes de base dans son action humanitaire (humanité, neutralité, impartialité et indépendance), adapter ses propres systèmes et dispositifs afin de tenir compte de la nature changeante des conflits armés, de l'augmentation des catastrophes naturelles et de l'apparition de nouveaux acteurs. Deuxièmement, l'Union européenne doit définir sa position à l'égard des nouvelles initiatives internationales et du processus de réforme initié au sein des Nations unies. Troisièmement, l'Union européenne doit préciser de quelle manière les différents moyens de la Communauté et des États membres peuvent être combinés et coordonnés au mieux afin d'améliorer leur efficacité et leur efficience. Au-delà, l'Union européenne doit renforcer son rôle politique sur la scène humanitaire internationale de façon à ce qu'il corresponde à son statut de premier donateur international.

J'ai relevé  des points tout à fait essentiels dans les modalités pratiques ; notamment, le rapport insiste sur les idées suivantes, aux points 6 et 7 de la résolution :

il souligne en particulier que la distribution de l'aide alimentaire doit s'efforcer d'éviter, par tous les moyens, de causer tout effet néfaste sur les marchés locaux ou d'entraîner une dépendance et qu'elle devrait contribuer à la sécurité alimentaire à long terme; il  soutient les efforts internationaux destinés à réformer la convention relative à l'aide alimentaire en vue de garantir le respect de ces principes

 il souligne que l'objectif de l'aide humanitaire doit être l'autodéveloppement et l'auto-approvisionnement et non pas le fait de rendre les pays ou les régions bénéficiant de l'aide trop dépendantes à l'égard d'aide ou d'assistance externe supplémentaires;

Le point 18 est non moins essentiel. Constatant que les premières 48 heures sont les plus importantes, la résolution propose de créer une force de réaction humanitaire rapide. Autant d'idées qui me semblent aller dans le bon sens.

Je suis également très sensible à l'objectif exposé au point 23 :

il considère que l'aide humanitaire de l'Union européenne doit être mise en œuvre par le biais d'organisations humanitaires qui adhèrent pleinement aux bonnes pratiques et s'engagent à promouvoir responsabilité, efficience et efficacité dans la mise en œuvre de l'action humanitaire;

Ce qui est encourageant, c'est que le projet a finalement été adopté en commission à l'unanimité. 

Commentaires

  • Autre sujet de reflexion a propos de l'aide humanitaire:
    - comment intervenir dans un pays destructure, desorganise?
    J'ai ete volontaire dans une ong au congo-Kinshasa pendant deux ans... Ce que nous faisions, c'etait ni plus ni moins que de remplacer l'Etat defaillant qui etait bien incapable de gerer ses zones de sante, d'organiser des campagnes de vaccinations ou de faire de la formation des equipes de sante.
    C'etait franchement necessaire... mais n'allait certainement pas dans le sens de "l'autodeveloppement".
    L'Union Europeenne,en tant que bailleur de fonds, ne financait d'ailleurs plus aucun programme de gouvernement zairois (trop fort risque de detournement des fonds) et s'appuyait integralement sur des ong...
    Peut-on faire autrement?

  • @ Avel Mor

    Les seuls cas de figure qui semblent fonctionner ont été réalisés dans des cadres extrêmes: il s'agit des gestions par l'ONU de l'administration suite à des guerres (en parallèle de la mise en place d'élections contrôlées et de veilles sécuritaires) avant transfert progressif aux nouvelles institutions nationales des attributions étatiques sont très intéressantes. Elles ont bien fonctionné au Cambodge, en Mozambique, Salvador, Kosovo... moins bien ailleurs (Timor Oriental...). Aujourd'hui, notre plus grand problème pour ces cas extrêmes semble être notre capacité à réunir les moyens internationaux pour assurer la transition d'un pays dans une situation critique vers un pays correctement géré.

    Pour des pays mal gérés (ou pas gérés) qui ne sont pas en guerre, nous ne savons pas intervenir, à l'extérieur du cadre classique ONG - aides gouvernementales - organisations internationales.

    Ma conclusion personnelle c'est que nous devons réformer la Banque Mondiale et le FMI pour qu'ils puissent justement agir dans ces cas de manière plus régulière et plus équilibrée (les plans d'ajustement structurels sont à mettre à la poubelle des mauvaises idées historiques). Ils doivent agir de concert avec les ONG et les entreprises locales pour redynamiser ces pays (une autre possibilité à envisager est la mise en place de périodes d'échanges internationaux favorables pour les Pays Moins Avancés au sein de l'OMC).

  • J'ai oublié de féliciter l'Hérétique pour cet excellent billet qui ouvre la voie de notre construction programmatique pour les européennes :)

  • à Avel Mor
    La question que tu poses est une question que je me pose depuis fort longtemps. De toutes façons, le rapport le dit bien : l'aide humanitaire est une cautère, mais elle n'a pas vocation à s'ériger en politique à long terme. Ce qui doit prendre le relais, c'est une politique de co-développement.
    Le pouvoir en place est un vrai problème s'il est extrêmement corrompu et qu'il n'y a pas un réseau d'ONG locales. Je ne veux pas être pessimiste, mais s'il n'y a pas un tissu associatif, c'est cuit.
    Cela dit, on pourrait imaginer que l'Europe, via une institution de l'ONU, promeuve un label que l'ONU décernerait aux ONG qui remplissent un certain nombre de conditions au moins du point de vue de la transparence et des buts. Cela afin d'éviter de devoir passer par les pouvoirs locaux. Je crois que c'est tout de même une question très difficile.

    @ Arnaud : hé, ce n'est pas de moi ! c'est le rapport de Thierry Cornillet. Mais il ouvre un espace de débats intéressants, en effet.
    Ton hypothèse sur le FMi et la Banque mondiale est très optimiste : le problème dans les PMA (Pays les Moins Avancés), c'est l'absence d'interlocuteurs crédibles. C'est une vraie difficulté.
    Je crois, sur ce sujet, que la force de l'exemple est notre allié le plus puissant, mais, cela suppose une politique sur le long terme.

  • Cornillet est pas content comme Arthuis d'ailleurs ! vont partir...

  • @ andré
    On verra.

  • Pour aller plus loin sur mon exemple zairois: le probleme pour l'UE, c'est qu'ils avaient du mettre en place un dispositif particulier localement pour financer les ong (locales et internationales) sans passer par l'Etat mobutiste.
    Je pense que cette experience europeenne au Zaire dans les annees 1995-97 (je ne sais pas si elle a ete poursuivie ensuite) peut etre source d'enseignements.
    Le travail de baileur de fonds ne se faisait pas par la cellule Echo a Bruxelles mais par une equipe a Kinshasa (specialement dediee au domaine de la sante), au sein de la delegation de l'UE.
    Ce dispositif etait interessant car tres proche des realites du pays et permettait d'evaluer les ong locales (sans aller jusqu'a la labellisation mais l'idee etait semblable)...
    Ce systeme permettait egalement un suivi regulier des projets en cours de realisation (et pas seulement une evaluation au moment de la remise du rapport financier)
    Mais j'imagine que ce dispositif etait egalement plus couteux (equipe locale de quelques expatries+employes locaux).

  • @ Avel Mor

    Oui, mais si le régime de Mobutu était très corrompu, je crois qu'il n'était pas excessivement violent ni corrompu, non ?
    Je ne sais pas si cela serait possible aujourd'hui.

  • je suis un homme algeriene et je veux engager dans la police international comment je voulu obtenir mon demande avec tout mes respit merci.

  • euh, quelle police internationale ?

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