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Scores des municipales, une autre analyse

Moi, j'adore quand Bertrand (un lecteur de mon blog, mais aussi de celui de Gérard, du Nouveau Centre) intervient ou réagit, parce que c'est toujours passionnant.

Je viens justement de récupérer une de ses réactions à un article de Gérard, que je ne peux manquer de publier intégralement : 

Pour le moment, en attente du second tour, les résultats sont à prendre avec des pincettes, et surtout à analyser de façon beaucoup plus fine que ne le font les médias et les deux grandes formations PS et UMP.
Les cartes ont été embrouillées. Il convient d’analyser en tenant compte de tous les paramètres.
Première chose surprenante : on nous annonce globalement un droite à 45%, et une gauche à 47. Si l’on rajoute les Verts et le MoDem, on atteint 100% de voix, et tout le monde répète ces chiffres à l’envie.
Problème : dans 75 ou 80 % des communes (et 95 ou 98 % des communes rurales) les listes sont totalement apolitiques et les édiles non encartées. Visiblement les commentateurs et états-majors considèrent que ces électeurs n’ont pas à être pris en compte !

Dans un très grand nombre de grandes ou moyennes villes, les listes « politiques » étaient fortement panachées : gauche/centre, gauche/Verts ou droite/centre. Peut-on honnêtement considérer qu’à Bordeaux c’est l’UMP qui a fait 55% des voix ? Le MoDem n’ayant pas de liste autonome, il est considéré comme ayant fait 0 voix. Problème : s’il a fait 0 voix, pourquoi alors va-t-il avoir des sièges au Conseil Municipal ? C’est la même chose dans beaucoup de villes.
A Pau, le score de la liste Urieta peut être revendiqué à la fois par l’UMP, par le PS et par Gauche Moderne. A Vincennes, les 60% de Laurent Lafon sont-ils à mettre au crédit de l’UMP, du NC ou du Modem, les 3 étant présents sur la liste et les trois formations ayant investi le candidat ? etc, etc…

Il convient d’analyser tout cela, non pas en tenant compte de la seule étiquette de la tête de liste, quand étiquette il y a, mais plutôt selon deux critères :
-    dans les villes où les listes étaient nettement identifiées à une formation, combien ont-elles fait chacune ? Les listes totalement autonomes MoDem, là où elles étaient présentes, dans un schéma « classique » face d’un coté à l’UMP et de l’autre au PS/PC/Verts, ont fait des scores s’échelonnant entre 4 et 52% (Denis Barde à Ville d’Avray face à l’UMP et au PS), avec une moyenne qui doit se situer entre 8 et 9. Donc nettement plus que le score annoncé de moins de 4 ! Et plus que ce que réalisait l’UDF seule dans le même cas de figure.
-    dans les  villes à listes « panachées », type Bordeaux, Dijon etc, il convient de voir combien de MoDem, ou NC, ou Gauche moderne accèdent ainsi à des postes d’élus. Le problème est le même pour les 3 formations. Ce sont ces élus – même non maires – qui seront leurs cadres et animateurs locaux de demain des 3 formations. A ce titre, le MoDem a probablement gagné son pari, même si certainement de façon moins ample qu’espérée. Mais il aura visiblement beaucoup plus d’élus de terrain (dans les villes, et ce faisant les Communautés Urbaines) qu’il y a 1 mois. Bref, il y a une implantation qui se fait, et un réseau d’élus nouveaux qui se met en place. C’est surtout ce chiffre qu’il conviendra d’analyser dans une semaine. Car c’est les deux grandes formations UMP et PS qui risquent d’en perdre, au profit des « petites » : MoDem, NC dans une moindre mesure, mais aussi la LCR qui dans certains coins a fait des scores vraiment inattendus.

Donc au final, probablement deux phénomènes contradictoires : un renforcement de la bipolarisation au niveau des édiles, mais une diversification accrue des élus dans les différentes instances locales.

Il y a des cas locaux très intéressant. A Saint Nazaire, ville industrielle fortement ancrée à gauche depuis toujours, le MoDem autonome fait 19% des voix, derrière la liste de gauche (43%), mais devant l’UMP/NC. Il y a une triangulaire. Le Modem étant second, il aura probablement au final 5 ou 6 élus, dans une ville où il n’en avait aucun. Le truc intéressant c’est que la tête de liste MoDem est un jeune gars de 25 ans. Typiquement l’une des personnes qui vont devenir incontournables au niveau local et seront les cadres de demain.

Commentaires

  • Whoua, une bonne journée, j'ai les honneurs de la Une !

    Je rajoute donc quelques éléments nouveaux.

    1) J'étais pessimiste quand j'ai écrit ça sur le blog de Gérard. En réalité, le MoDem a présenté des listes totalement autonomes dans 350 communes de plus de 10.000 habitants. Le score moyen sur ces communes a été au premier tour de 15,9%. Ma foi, ce n'est t pas déshonorant du tout.
    Cela fait plus de 500 conseillers municipaux MoDem élus au premier tour.

    2) J'ai eu l'explication des chiffres "officiels" : 47 - 45 - 4 -...
    Sont prises en compte toutes les communes de plus de 3500 habitants. Soit 2.906 communes sur 36.000. L'affiliation à un "clan" est plus ou moins obligatoire dans ces communes. Mais cela ne représente que 8% des communes en France ! Dans les 92% restantes, les listes sont le plus souvent apolitiques, en tous cas sans étiquettes partisanes.

    Ramenée à l’ensemble des 36.000 communes françaises, la droite « encartée » remporte 3,6% des mairies, et la gauche « encartée » 3,7%. Cela relativise un peu les chiffres glorieux annoncés à grand renfort de trompette !
    Les édiles « encartés », tous partis confondus, représentent moins de 10% des maires. Et là aussi 90 % ne le sont pas.

    3) Le MoDem, même si au final il ne gagne pas de grandes villes, aura mathématiquement un nombre de conseillers municipaux nettement supérieur à celui qu’il avait il y a 15 jours. C’est la même chose d’ailleurs pour le Nouveau Centre ou même la LCR. A contrario, l’UMP aura dans 8 jours moins d’élus locaux qu’elle en avait il y a 10 jours.

    Sans prendre en compte ces données - car derrière ces données ce jouent aussi les élections cantonales, régionales puis sénatoriales - on ne peut pas comprendre la danse du ventre que fait actuellement l'UMP auprès de Bayrou ! Juppé, qui n'est pas le plus idiot de la bande loin de là, a pigé depuis longtemps les données du problème, et les a intégré depuis des mois. Il n'a pas subitement réalisé le problème de l'UMP le 10 au matin comme Devedjian.

  • Excellent ! tu vas avoir les honneurs d'un second billet sur le champ !!!

  • 2.906 communes sur 36.000 cela représente effectivement 8,1% des communes mais... combien de % cela fait-il en population?

    L'Insee a des données un peu vieilles sur le sujet (http://www.insee.fr/fr/ffc/chifcle_fiche.asp?tab_id=174) mais estime que les 3/4 de la population vit en zone urbaine. Si vous considérez que les "unité urbaines" correspondent à des communes de plus de 3.500 habitants (merci d'indiquer votre source sur ce chiffre de 3.500) alors il ne me paraît pas fou d'extrapoler sur le dernier quart de la population.

  • Merci Xavier

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