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  • Prospero Delanoë et l'effet papillon

    Un changement de sens de circulation dans une ruelle de Paris, un rétrécissement de voie sur une grande avenue, ce qu'affectionnent particulièrement Delanoë et ses alliés verts,  peuvent provoquer un embouteillage structurel à la sortie d'Orélans, à plus de 150 kilomètres de là. C'est l'effet papillon version bobo-parisien. A vrai dire, les bobos parisiens et leur plus éminent représentant se fichent bien des soucis des masses suburbaines. Sub en latin, ça signifie "sous, dessous". Donc, les masses suburbaines étant "sous" l'aristocratie bobo parisienne, peu importe leur sort. On leur demande juste de venir faire de la couleur pour faire "social", ou encore "mixé" dans la capitale. Sans doute cela donne-t-il une tonalité exotique de meilleur aloi pour faire la fête sur Paris-Plages.

    Cette ironique disgression n'en dévoile pas moins une problématique de fond qui agite désormais la plupart des états-majors politiques : le Grand Paris.

    Sauf, que le Grand Paris, avant tout pharaonique projet, cela commence déjà par cela : prendre en considération l'impact de ses propres mesures sur une couronne complètement imbriquée dans la cité.

    Le problème, c'est que ce n'est pas du tout ainsi que Bertrand Delanoë a géré Paris pendant 6 années, et que son programme de 2007 ne laisse pas présager un changement de cap. Tôt ou tard, les Parisiens finiront pas payer les pots cassés en banlieue, mais ce sera peut-être trop tard. 

    Cela me rappelle une nouvelle fameuse d'Edgar Allan Poe, intitulée le Masque de la Mort Rouge. Un scénariste talentueux en a fait une animation remarquable sur la Toile.

    Que les socialistes, roses ou rouges méditent simplement cet extrait, traduit par Charles Baudelaire ; il n'est pas sans renvoyer à une réalité tout à fait actuelle...

    Mais le prince Prospero était heureux, et intrépide, et sagace. Quand ses domaines furent à moitié dépeuplés, il convoqua un millier d'amis vigoureux et allègres de coeur, choisis parmi les chevaliers et les dames de sa cour, et se fit avec eux une retraite profonde dans une de ses abbayes fortifiées. C'était un vaste et magnifique bâtiment, une création du prince, d'un goût excentrique et cependant grandiose. Un mur épais et haut lui faisait une ceinture. Ce mur avait des portes de fer. Les courtisans, une fois entrés, se servirent de fourneaux et de solides marteaux pour souder les verrous. Ils résolurent de se barricader contre les impulsions soudaines du désespoir extérieur et de fermer toute issue aux frénésies du dedans. L'abbaye fut largement approvisionnée. Grâce à ces précautions, les courtisans pouvaient jeter le défi à la contagion. Le monde extérieur s'arrangerait comme il pourrait. En attendant, c'était folie de s'affliger ou de penser. Le prince avait pourvu à tous le moyens de plaisir. Il y avait des bouffons, il y avait des improvisateurs, des danseurs, des musiciens, il y avait le beau sous toutes ses formes, il y avait le vin. En dedans, il y avait toutes ces belles choses et la sécurité. Au-dehors, la Mort Rouge. 

    Ce fut vers la fin du cinquième ou sixième mois de sa retraite, et pendant que le fléau sévissait au-dehors avec le plus de rage, que le prince Prospero gratifia ses mille amis d'un bal masqué de la plus insolite magnificence.