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  • La parole donnée de Jean Lassalle

    0b5f6d1ab169dcdbad991bbe11ec230a.jpgJ'ai acheté et commencé à lire le livre de Jean Lassalle, la parole donnée : pas de doutes. C'est un autentique homme de lettres.

    J'y ai trouvé un style fluide et souple, simple, frais et vivifiant, qui me donne l'impression d'évoluer quelque part dans un verger où l'on aurait faire une bouture de Vrigile sur du Chateaubriand. Un téléscopage improbable entre les premières pages des Mémoires d'Outre-Tombe et quelque chose qui oscillerait entre les Bucoliques de Virgile et les Travaux et les jours, d'Hésiode...Les premières pages respirent le Béarn, son Béarn, à JeanLassalle.Il l'aime, sa terre natale, cet homme-là.

    J'ai failli me pâmer quand Lassalle évoque la découverte à 14 ans des philosophes grecs, et notamment Platon puis Aristote. La situation est douleureuse : selon les normes de l'époque, sa famille vit en dessous du seuil de pauvreté, et pour acheter les les précieux ouvrages, il faut débourser 1400 francs (anciens) : c'est une véritable fortune, pour cette famille très modeste et presque sans ressources. Et pourtant, le père de Jean Lassalle, en dépit de la folie financière que représente un tel investissement, choisit de faire de grands sacrifices pour alimenter son fils de nourritures spirituelles. 

    deux jours plus tard... 

    Et voilà, j'ai terminé entre 1h00 et 1h30 du matin le livre de Jean Lassalle. 

    7a3300a7beed5faea4945f44be2b4681.jpgTout au long de son ouvrage, Jean Lassalle évoque les démêlés des habitants de sa région avec les autorités centrales, souvent l'Etat français, mais aussi l'Europe, et également la presse nationale, sur le fond parisianiste (même s'il ne le dit pas explicitement). Il dénonce les écologistes de pacotille qui jettent de la poudre aux yeux pour statisfaire aux Médias, et masquent souvent d'autres intérêts.

    Il n'aime pas les technostructures, Jean Lassalle, et pour lui, justement, le propre d'un homme politique, c'est de ne pas se laisser dominer par ces dernières : comme il le note avec une très grande justesse, les gouvernements changent, mais les administrations centrales, elles, restent ! et elles restent des dizaines d'année.

    Le Somport, qui devait assurer le développement de la vallée, et le problème de l'ours sont emblématiques : à chaque fois des solutions imposées de Paris, alors que les habitants avaient proposé les leurs.  

    Jean Lassalle évoque le sort des habitants des montagnes dans un saisissant parallèle avec les Indiens d'Amérique ; son quatrième chapitre, des réserves sans Indiens explicite tout à fait cette image : on crée des parcs et des réserves de toute sorte dans la Vallée d'Aspe, mais on en chasse les habitants. De plus, créer une réserve pour les ours est stupide, ce plantigrade tendant à changer d'environnement. Il est bien plus sensé de définir les modalités d'un modus vivendi entre l'animal et les bergers, en concertation avec ces derniers, plutôt que de lancer une grande campagne de presse contre ceux-ci en les appelant assassins d'ours. 

     J'ai eu tout de même quelques surprises : je ne savais pas que Jean Lassalle avait voté contre le traité du TCE. Il n'en reste pas moins un européen convaincu, mais, contrairement à François Bayrou, je crois qu'il ne veut pas d'une Europe fédérale, et demeure plutôt attaché à une Europe des patries, un peu sur le modèle de ce que prônait De Gaulle. Etonnant pour quelqu'un dont le premier engagement politique fut le CDS, et qui demeure sa famille politique.

    Sur ce point, pour ma part, je ne l'approuve évidemment pas. Mais, Lassalle a en revanche été très favorable à l'élargissement des pays de l'Est.

    S'il a  voté contre le TCE, je crois surtout que c'est pour dénoncer le poids des commissions, les démissions des Etats, et puis le développement anarchique d'un capitalisme qui ne dit pas son nom, mais que lui récuse. Rapportant des discussions survenues lors des débats de l'OMC, il ne supporte pas que l'on parle des humains comme des marchandises.

    Une anecdote savoureuse, à ce sujet : lors de sa première venue à l'OMC, aucune traduction en français ; on en était à un tel point de mépris de tout ce qui ne rentrait pas dans le sabir anglophone international, que l'on n'avait pas jugé cette précaution utile.

    Lassalle prend alors la parole dans le micro pour expliquer, en français, qu'il ne comprend rien. Il ne lâchera plus le micro, malgré les objurgations, répétant ses déclarations. Le lendemain,  les discours sont traduits dans du mauvais français, mais traduits tout de même en français...Le député du Béarn conclut simplement ce passage en évoquant le sort des délégations des populatuions les plus misérables, méprisées et totalement ignorées qui n'auraient pas eu la moindre chance de seulement pouvoir évoquer une telle demande...

    Dans le domaine de l'enseignement, le sort du latin et du grec lui paraissent emblématiques de ce phénomène : comme l'on sacrifie tout à la rentabilité, qui est devenue le maître-mot de la politique et l'économie, ces deux disciplines sont les premières à être dans la ligne de mire des apôtres de la rigueur et l'orthodoxie budgétaire.  

    Lassalle, ce n'est pas quelqu'un qui s'en laisse compter... 

    Entre Bayrou et lui, il y a une véritable amitié : « Françoës, é r'aude ray », comme il le dit en béarnais. Mais comme ils sont béranais tous les deux, et donc très têtus, comme il le dit, ils se sont parfois "frités sévère"...Cela ne les empêche pas de se retrouver frères d'armes et amis à jamais dans les grands moments.

    Je me doute bien que nombre de lecteurs qui liront ce compte-rendu frétillent d'impatience en attendant que je passe à ce qu'il dit à propos des présidentielles et des législatives...

    Eh bien, je vais les laisser frétiller sans aucune pitié : non, non, je ne dirai rien (j'ai fini le livre, pourtant), parce que je pense que cela vaut le coup qu'ils achètent ou empruntent le livre et le lisent eux-mêmes, et puis parce que je ne veux pas tout lâcher non plus... Il y a de toutes façons tellement de choses à dire que j'aurai certainement l'occasion de revenir sur cet ouvrage...

    Voilà...bonne lecture à tout le monde...