Curieuse chaîne que celle qu'a initié Mirabelle : il s'agit d'écrire sur ce que chacun ferait s'il apprenait qu'il vivait ses derniers jours. Isabelle a d'ailleurs répondu. Je serai donc le troisième blogue de l'Échiquier à m'exprimer sur ce sujet.
Sur la crainte de la mort, des individus bien plus admirables que moi ont écrit ou parlé, je pense à Socrate, Épictète, Épicure ou encore Sénèque. Je n'ai donc pas de choses à ajouter à ce qui peut avoir déjà été dit.
S'il me restait quelques jours à vivre, ma principale inquiétude, au moins dans un premier temps, ce serait mes très proches, c'est à dire mes enfants et ma compagne. Je m'empresserais de me marier avec cette dernière pour la protéger juridiquement et qu'elle puisse user de mes biens sans devoir attendre la majorité de mes enfants ni être taxée jusqu'à la moëlle de l'os, comme c'est d'usage dans l'État français.
La seconde dimension de mes préoccupations serait psychologique. Marie-Laure Picat, qui s'est éteinte le 09 août de l'année 2009, est à mes yeux un modèle exemplaire. Elle a organisé complètement l'après afin que ses enfants aient la vie la meilleure possible. J'aurais pour ma part le souci de disparaître de la manière la moins traumatisante possible pour mes enfants. C'est une chose difficile.
Chose difficile, parce qu'il s'y ajoute la crainte de la mort alors même que je suis un agnostique qui tend vers le matérialisme. Difficile de dire à ses enfants qu'on va continuer à les regarder d'en haut dans ces conditions. J'envie ces chrétiens qui ont la foi.
Quant à la disparition physique, je n'aimerais pas l'attendre, ajoutant ainsi l'angoisse à l'angoisse, mais qu'un jour, on me donne une surdose de morphine, que je m'éteigne en dormant. Idéalement, mais l'idéal n'est jamais possible, ou alors il se confond avec le délire de la dernière agonie, perdu dans le lit glauque d'un hôpital sale et déprimant, j'aimerais finir en un lieu où j'ai éprouvé une grande sérénité.
Sur le campo de Sienne, par exemple ; s'il y a un endroit qui doit être parcouru par des forces telluriques, c'est bien celui-là. Je m'y suis rendu à deux reprises et y ait trouvé à chaque fois un repos extraordinaire, écoutant le bruissement des voix qui s'écoulent comme par une fenêtre au bord d'une rue passante mais tranquille.
Ce pourrait être, à défaut, dans un jardin, comme le Jardin des Poètes qui jouxte les Serres d'Auteuil, ou bien ces serres elles-mêmes, aujourd'hui menacée par la compromission de hauts responsables politiques avec le sport business.
In fine, je dis ça mais je suis bien vivant. Qui peut vraiment savoir comment il réagirait face à sa propre mort à venir ?
Je n'en tague pas moins quelques blogueurs sur le sujet, à commencer par le Coucou de Claviers puisqu'il se dit que c'est un écrivain de talent, et que j'aimerais avoir le point de vue d'un écrivain. Il me plairait également d'entendre Ferocias, tout imprégné qu'il est du pessimisme religieux aztèque. Ensuite, c'est Christelle (qui ne me répond jamais quand je la tague...) dont j'aimerais connaître l'avis, car je sais quelle est sa foi, et que la réponse d'une catholique m'éclairerait. Polluxe a déjà été taguée par Mirabelle, mais j'insiste et en ajoute une couche supplémentaire...