J'ai lu il y a quelques jours un classement réalisé par un institut britannique qui annonçait le déclin irréversible de la France (et de plusieurs autres pays d'Europe, au demeurant).
Je crois qu'il faut être prudent avec les chiffres : je lis en ce moment Pulp libéralisme de Daniel Tourre (j'en reparlerai dans plusieurs prochains billets) et l'une des critiques qu'il adresse à l'économisme du XXème siècle est d'avoir soumis la théorie économique, pourtant incertaine, aux mathématiques, à ses chiffres et à sa floppée de formules.
Selon le Centre of Economics anb Business Research, l'Inde deviendrait la 5ème puissance mondiale d'ici 2022. Bien sûr, si l'on raisonne en PNB brut, c'est quelque chose de fort possible en raison du poids démographique de ce pays. Mais l'Inde, ce n'est pas ce pays où l'on viole les femmes et où elles en meurent ? Ce même pays qui prétend au titre de plus grande démocratie du monde mais qui a été désigné comme le pire pays au monde pour les femmes ? Devant l'Afghanistan, l'Égypte, le Soudan, le Mali qui pratiquent lapidations et/ou excisions ?
Qui a envie de vivre en Inde ? l'hindi est-il une langue qui se répand en dehors de l'Inde ? Non. Je ne vise pas à m'en prendre particulièrement à l'Inde. Je suis simplement sceptique sur ce que le CEBR appelle influence.
Oh, certes, sans doute y-aura-t-il beaucoup de milliardaires de pays émergents capables de racheter des entreprises ou des grandes demeures en France, d'ici une dizaine d'années.
Cette vulnérabilité, il ne tiendrait qu'à nous de la corriger : François Bayrou a tracé le chemin en décembre de l'année précédente et l'a de nouveau indiqué tout récemment. Juguler la dette, redresser notre industrie, développer les filières courtes, doter le consommateur du pouvoir de décider grâce à l'information. Bref, concourrir pour sauver nos emplois, redresser nos comptes, et rendre pérenne notre modèle social, voilà l'objectif.
L'inconvénient, c'est qu'à la tête de l'État, il n'y a pas de volonté d'infléchir la pente sur laquelle nous sommes. Trop de fausses promesses et de mensonges dont aujourd'hui l'exécutif est prisonnier. C'est le prix à payer pour avoir menti et il doublera quand il faudra se renier.
En attendant, le gouvernement Ayrault a réussi à créer un environnement franchement inamical pour l'entreprises et les entrepreneurs en moins de 6 mois, et cela, dans un pays en crise et rongé par le chômage. Les mesures fiscales confiscatoires finalement retoquées par le Conseil Constitutionnel n'en sont qu'un énième avatar.
Je ne suis pas ceux que l'on appelle les Autrichiens dans tous les méandres de leurs analyses, mais ils me semblent avoir mieux compris que toute autre école économique l'un des piliers de l'économie : elle est avant toutes choses de la psychologie.
Si la France est en déclin, c'est que le déclin est dans nos têtes. Non qu'il s'agisse d'appliquer une sorte de méthode Coué qui consisterait à affirmer le contraire mais plutôt que nous refusons de nous administrer les remèdes qui nous seraient pourtant nécessaires alors même qu'ils nous sont connus.
Ce serait de la responsabilité de la classe politique que de l'indiquer clairement à ses concitoyens et elle fait pour une large part tout l'inverse en l'abreuvant de promesses improbables à quelques exceptions près...