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  • Mélenchon, Cuba et la démocratie

    Mélenchon a encore fait parler de lui, ces derniers jours. Le voilà à défendre le régime cubain, l'un des pires de la planète pour la liberté de presse, et pour la liberté tout court. Mélenchon vire mal. Les Caraïbes sont certes une zone pauvre, et Cuba offre les prestations que la plupart des régimes communistes offraient à leur peuple. Cela n'en fait pas une démocratie, loin de là, et le discours que tient le leader du Parti de Gauche en dit long sur la nature de son sentiment démocratique.

    J'aurais pu comprendre que l'on renvoie dos à dos les dictatures militaires d'Amérique latine des années 70 et le régime castriste, mais certainement pas ce qu'est devenue l'Amérique du Sud aujourd'hui, zone où la démocratie s'est tout de même largement installée.

    Quatremer a bien eu raison de lui renvoyer à la face qu'à Cuba, on rêve avant tout d'économie de marché, celle-là même que vilipende le Che du P.G.

    Je me suis toutefois penché sur certaines déclarations de Mélenchon, car si l'on veut qu'une critique porte, il faut rendre justice là où vérité il y a. Mélenchon réclame la libération de cinq Cubains arrêtés pour espionnage et atteinte à la sécurité nationale des USA en 2002. Il estime que ce sont là des individus persécutés. Il y a un pas entre faire acte de résistance dans un régime despotique, et oeuvrer pour un régime de cette nature. L'argument de Mélenchon est donc nul et non recevable. Toutefois, certaines de ses objections ne sont pas tout à fait fausses : les cinq Cubains arrêtés espionnaient les organisations anti-castristes à Miami. Je n'ai aucune sorte d''estime pour ces organisations-là, souvent très proches de l'extrême-droite républicaine américaine, et impliquées, dans les années 70 dans des coups aussi tordus que dégueulasses : assassinat d'Orlando Letelier, ex-ministre Chilien en 1976, explosion d'un avion de ligne cubain la même année, à la suite d'un attentat dont l'origine ne fait guère de doute.

    Il convient, néanmoins d'apporter des éléments de réflexion  au discours mélenchoniste : Mélenchon fait comme si nous vivions encore dans les années 70. Les anti-castristes, en 40 ans, ont évolué, et les générations se sont succédées, différentes les unes des autres. Mélenchon brouille volontairement les cartes chronologiques pour donner un semblant de crédibilité à son argumentation. Certes, les USA maintiennent un blocus autour de Cuba, mais il a été allégé à plus d'une reprise, et, dans tous les cas de figure, cela ne peut s'apparenter à du terrorisme.

    En réalité, les USA sont le premier pays fournisseurs de denrées à Cuba et leur embargo ne concerne ni les médicaments ni les produits alimentaires. Mélenchon oublie également que les USA ont fait en également des propositions en 2002 et 2006 pour mettre fin à l'embargo en échange d'une transition démocratique. En avril 2009, Obama a mis fin aux restrictions sur les voyages d'Américano-Cubains et à la circulation d'argent d'un continent à l'autre sauf quand elle concernait des personnels de l'armée ou de la police.

    Pour tous les démocrates et républicains clairement à gauche, mais sincères, qui envisageaient de voter pour Mélenchon, il est encore possible, d'ici 2012 de se reporter sur d'autres candidatures aux principes éthiques et démocratiques clairs et fiables. Les déclarations de Mélenchon sont significatives des entorses au droit qu'il est susceptible d'admettre. Cela donne froid dans le dos...