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  • Valls devrait lire l'hérétique

    Décidément, au parti socialiste, j'ai toujours trouvé qu'ils n'étaient pas au point avec l'économie capitaliste. Manuel Valls est persuadé que l'ouragan capitaliste de Schumpeter accouche d'une création destructrice. Mais non, Manuel, Régis Soubrouillard a raison : c'est une destruction créatrice, voyons ! C'est bien la peine d'avoir lu Capitalisme, Socialisme et Démocratie et d'en avoir rendu compte en plusieurs notes ici. Donc, petit rappel :

    L'ouverture de nouveaux marchés nationaux ou extérieurs et le développement des organisations productives, depuis l'atelier artisanal et la manufacture jusqu'aux entre­prises amalgamées telles que l’U.S. Steel, constituent d'autres exemples du même processus de mutation industrielle - si l'on me passe cette expression biologique - qui révolutionne incessamment  de l'intérieur la structure économique, en détruisant con­ti­nuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. Ce processus de Destruction Créatrice constitue la donnée fondamentale du capita­lisme : c'est en elle que consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise capitaliste doit, bon gré mal gré, s'y adapter.

    En deuxième lieu, puisque nous avons affaire à un processus organique, l'analyse du fonctionnement d'un élément spécifique de l'organisme - par exemple, d'une entre­prise ou branche distincte - est, certes, susceptible d'élucider certaines particularités du mécanisme, mais non de conduire à des conclusions plus générales. Chaque mouvement de la stratégie des affaires ne prend son véritable sens que par rapport à ce processus et en le replaçant dans la situation d'ensemble engendrée par lui. Il im­por­te de reconnaître le rôle joué par un tel mouvement au sein de l'ouragan perpétuel de destruction créatrice - à défaut de quoi il deviendrait incompréhensible, tout com­me si l'on acceptait l'hypothèse d'un calme perpétuel.

    Et puisque Valls cite Schumpeter pour justiffier le rôle de la gauche et (horresco referens !) le blairisme comme modèle, je le renvoie à un autre de mes commentaires sur l'ouvrage de Schumpeter. Le seul fondament valable de toute économie sociale, c'est le capitalisme.

    Extrait de ma note d'alors :

    Schumpeter observe ainsi que contrairement à une idée reçue, en système capitalisme, les riches ne deviennent pas plus riches tandis que les pauvres deviennent plus pauvres. Certes, dans notre France du XXIème siècle, les écarts se sont accrus, mais, non parce que les pauvres sont devenus plus pauvres, mais parce que les riches le sont devenus en proportion plus vite que les pauvres. Les Marxistes, n'osant plus s'exprimer en valeur absolue, désormais, choissent des parts relatives pour tenter de démontrer l'immoralité des affreux capitalistes. La méthode a fait long feu, et les faits sont obstinés. Schumpeter avait raison,  et il n'est pas possible de se soustraire à l'implacable réalité ni de la tordre pour essayer de lui faire dire ce qu'elle ne peut dire.

    Il remarque également que les reflux réguliers de l'économie capitaliste correspondent simplement au renouvellement des structures industrielles et sont généralement suivis d'une avalanche de biens de consommation à bon  marché. Pour qui douterait de la pertinence actuelle de cette analyse, il suffit de considérer l'apparition de l'informatique au début des années 70 et ce qu'il s'est ensuivi.

    Il est de bon ton aujourd'hui de vouer aux gémonies le capitalisme. Nos sociétés repues de biens de consommation et de bien-être ne savent pas se montrer reconnaissantes envers leur bon serviteur. Les chiens mordent la main de leur maître. Ceci me fait penser à mai 68 : trop nourris, trop riches, trop bichonnés, il devenait possible de s'en prendre à la société de consommation. Ce sont les mêmes qui en ont profité plus que tout autre par la suite.

    Pour revenir à Valls, s'il croît que le blairisme est l'avenir du socialisme en France, alors on est vraiment mal barré. Je crois que le blairisme, c'est ce que je déteste le plus dans le socialisme.

    Je ne me reconnais pas du tout dans l'analyse qu'en donne Régis Soubrouillard :

    Tentant d’apporter un nouveau souffle à son parti, l’éléphanteau Valls n’a pas trouvé mieux que d'en appeler à Anthony Giddens, l’inspirateur du blairisme, la troisième voie, soit l’expérience gestionnaire la plus efficace du capitalisme. Cette gauche de l’adaptation, d’inspiration libérale qualifiée par le politologue Ernst Hillebrand de « centro-technocratisme »  qui va à l’encontre de tous les fondamentaux de l’identité historique de la gauche s'est pourtant révélée une impasse.

    Mais non voyons : ce n'est ni du libéralisme, ni du capitalisme. C'est une sorte d'assistanat adapté à l'économie de marché, mâtiné de discours et de pratiques réactionnaires (par exemple s'en prendre aux adolescentes qui sont enceintes). Blair, ce fut en Angletette le début de la politique du spectacle et du mensonge (chômage masqué, déficits galopants, alignement inconditionnel sur l'Amérique Bushiste, peopolisation). Je ne parle pas de son admiration pour Margaret Thatcher ni de ses contacts étroits avec le magnat de la presse le plus populiste du monde anglo-saxon, Robert Murdoch.

    Si c'est tout ce que la gauche peut proposer aujourd'hui, elle peut aller se rhabiller, ce n'est pas la peine...