Accrocheur et gauchiste à souhait mon titre de billet, non ? Converti au Grand Soir ? A la logorrhée anti-capitaliste ? Pas du tout les amis. Non, je viens juste de tomber sur le dernier billet d'Écho politique. Or, que lis-je chez Lolik ? Que le Congrès américain vient de voter une loi qui permet aux USA de frapper d'une taxe compensatoire les exportations à destination du territoire américain en provenance d'un pays où la monnaie serait notoirement sous-évaluée.
Autant le dire tout de suite, c'est une déclaration de guerre en bonne et due forme envers la Chine avec menace d'usage d'armes fiscales de destruction massive.
Je comprends bien l'intention, mais, si les Américains rentrent dans ce jeu-là, c'est la fin du relatif système de libre-échange qui régit le commerce mondial à l'heure actuelle et de toutes les institutions qui édictent des règles, à commencer par l'OMC.
Echo Politique se réjouit de cette décision et invite l'Europe à en faire autant, voyant dans l'euro l'instrument de notre propre oppression. Écho politique a la mémoire courte. Les barrières protectionnistes décidées unilatéralement sont l'une des pires catastrophes qui puissent frapper le commerce mondiale.
Elles ont, au milieu du XXème siècle, contribué à faire basculer une partie du monde dans la barbarie.
Si de grandes institutions ont été érigées, OMC, FMI, Union Européenne, c'est entre autres pour ne plus verser dans le grave travers de voir des pays faire cavaliers seuls au mépris de toute coopération internationale.
Il y a entre les USA et la Chine un équilibre de la terreur qui peut faire basculer le monde dans une grave récession à tout moment : l'un peut en effet frapper les produits chinois, comme il l'a fait pour le Japon par le passé, de fortes taxes, l'autre peut jouer à revendre les bons du trésor américain qu'il détient.
Les grandes institutions, si souvent décriées, sont pourtant un effort pour tenter de mettre en place sinon un gouvernement mondial du moins des outils de régulation à l'échelle mondiale.
La solution du chacun pour soi à laquelle renvoie Lolik serait une calamité pour l'humanité.
J'entends ses remarques sur le régime chinois autoritaire, mais, si pressions il doit y avoir, elles doivent l'être de manière concertée et sans marcher sur le droit commercial international.
Commentaires
"Elles ont, au milieu du XXème siècle, contribué à faire basculer une partie du monde dans la barbarie."
Je serais curieux de vous voir développer et étayer cette affirmation.
Les échanges mondiaux gagnent à ce que certaines règles du jeu soient respectées. Or le yuan est bien notoirement sous-évalué, du fait de l'intervention des autorités chinoises. Comme c'est inéquitable, c'est la légitimité du libre échange qui est attaquée. Que faut-il faire alors ?
Pour l'avenir de la France
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oui, mais la Chine est volontairement agressive (commercialement, mais elle le serait militairement si ça l'arrangeait), et on n'est plus en position de force: on est donc bien obligés de se défendre!
On a mis du temps à faire la paix entre les pays occidentaux, mais on ne l'a pas encore construite avec la Chine. Ne nous méprenons pas: on était que "les plus forts" jusque là; pas des amis. La Chine n'éduque ^pas ses ressortissant à coup de droits de l'homme et de respect des autres nations: on n'est pas dans un libre échange à la mode occidentale.
@Xerbias
Je suis d'accord avec votre constat, mais c'est la manière américaine qui est maladroite, parce que les USA agissent sans concertation avec l'Europe et que le périmètre de la loi est très flou : c'est quoi une monnaie sous-évaluée, exactement ?
@Ch.Romain
Croyez-vous que le nazisme aurait percé en Allemagne sans la crise économique ? Or, la réponse des États s'entourant de barrières douanières a aggravé et fait durer la crise économique.
@do
c'est très clair. Il ne s'agit pas non plus de prendre les Chinois pour ce qu'ils ne sont pas. Ce n'est pas le principe de leur répliquer qui me gêne, mais le procédé utilisé.
"Croyez-vous que le nazisme aurait percé en Allemagne sans la crise économique ? Or, la réponse des États s'entourant de barrières douanières a aggravé et fait durer la crise économique."
Ce sont les points qui me semblent mériter d'être étayés.
La crise économique a évidemment été un facteur facilitant pour la montée du nazisme en Allemagne. Mais cette crise économique et l'hyperinflation qui l'a accompagnée étaient déjà là en 1923, lors de la tentative avortée de putsch d'Hitler, et donc bien avant la crise de 29. A l'inverse, observez que le fascisme italien date de 1922, donc antérieurement à la crise de 29, et a triomphé alors que l'économie italienne n'était pas spécialement ravagée. Idem pour la prise du pouvoir par Franco en Espagne, dans des conditions ou l'économie joue un rôle somme toute mineur.
Dans un cas comme dans l'autre, il me semble aventuré de vouloir lier de façon trop directe montée des fascismes et crise de 29.
Par ailleurs, des démarches protectionnistes ont-elle "aggravé" et "fait durer" la crise de 29, comme vous l'affirmez ?
La plupart des économistes libéraux affirment que la loi protectionniste adoptée par les USA au lendemain de la crise (loi Hawley-Smoot de 1930) a contribué, du fait des rétorsions européennes, a ralentir le commerce mondial et "donc" à propager la crise. Mais c'est ce "donc" qui fait question ! Comme je l'ai déjà fait observer, l'Allemagne n'avait pas attendu la crise de 29 pour patauger dans la pagaille économique et l'hyperinflation. L'Angleterre ne se portait pas très bien non plus, oscillant entre marasme et conflits sociaux (grève générale de 1926). De plus, pour faire face à la demande de liquidités sur leur marché intérieur par des épargnants affolés, les banques US ont récupéré précipitamment, dès 1930, leurs capitaux investis en Europe, d'où une baisse massive des cours boursiers européens et la faillite consécutive de plusieurs banques européennes (Kreditanstalt en Autriche, Banque nationale de Crédit en France, Danat Bank en Allemagne...). De plus, le gel des prêts US à l'Allemagne ou à l'Angleterre et leurs demandes de remboursement ne firent qu'aggraver les choses. Enfin, les surproductions industrielles ou agricoles dans certains pays (dont la France) entraînèrent une chute dramatique des cours et la ruine de nombreux industriels et agriculteurs.
En fait, dès 1930, la consommation dans la plupart des pays industrialisés avait gravement chuté. Dans ces conditions, les mesures protectionnistes des divers Etats n'auront pu avoir qu'un impact limité. On peut peut-être imaginer qu'un commerce international "fluidifié" aurait facilité la reprise, et encore... N'oublions pas que c'est bien - entre autres - par des mesures de "consommation nationale" (logo NRA, création d'un "Consumer's Guide"...) que Roosevelt sortit les USA de la crise.
Cette fois encore, l'anonymat protège un talent bien piètre. Que de raccourcis illégitimes.
Désolé, mais à part l'info de base qui est importante, y a pas grand chose à se mettre sous la dent cette fois-ci.
@Ch Romain,
Peut-etre la résultante des accords signés à la fin de la première guerre mondiale?
Je retiens surtout de ce billet le manque de concertation des états, chacun agit en ordre dispersé semble-t-il.
http://fr.news.yahoo.com/79/20100928/tfr-la-premire-guerre-mondiale-se-termin-ba15d4f.html
@ Martine
Les accords signés à la fin de la première guerre mondiale n'organisaient pas spécialement le protectionnisme !
@Christian R,
Je n'ai fait que rebondir sur votre com, pas à parler protectionnisme ou autre, mais à chercher la source...( c'est-y koaaa le nom des accords? :o))), mon aspect "Manon" que voulez-vous^^^
Les US ont toujours jonglé en alternance périodes de protectionnisme et ultra libéralisme, pourquoi?
Et puis, les reproches qu'ils font aux Chinois...Ils devraient balayer un peu devant leur porte^^^Franchement cela me fait bien rire, enfin rire jaune !