Instructifs et très pertinents, les graphiques et les tableaux trouvés sur le portail elunet. Ils permettent de se faire une idée bien plus précise de la situation exacte des forces en présence, et surtout, des pertes et des gains depuis 2004.
En 2004, le Parti communiste et la gauche rassemblée (hors écologistes) disposaient de 905 élus. En 2010, ils n'en ont plus que 854. Si le PS et ses alliés sont en progression avec 754 sièges contre 714, le Front de Gauche qui obtient 102 élus est loin de 191 élus du Parti Communiste. Les Verts réalisent un jackpot en passant de 159 à 263 élus : ce sont eux les grands gagnants de cette élection. Si l'on enlève les 66 élus du Nouveau Centre qui sont des successeurs de l'UDF, l'UMP obtient, avec ses alliés, 394 élus : elle est donc en progression ! Le Front national, quant à lui passe de 156 à 118 élus. Il a prouvé qu'il existait encore, mais il est en repli.
Hélas et mille fois hélas, la nouvelle donne, c'est que le MoDem, la composante de gauche de l'ex-UDF s'effondre, en passant de 69 à 10 élus, dans le temps où le Nouveau Centre, lui, obtient 66 élus contre 55 en 2004. In fine, si l'on additionne les scores de l'un et de l'autre, on obtient 76 élus contre 124 pour l'UDF entre 2010 et 2004. Voilà où le bât blesse, dirais-je.
En somme, les perdants de cette élection sont la gauche extrême, la droite extrême et le Centre. En revanche, en considérant les résultats du point de vue du nombre de voix, seuls les Verts gagnent des électeurs, alors que toutes les autres formations en perdent...
Un dernière remarque sur la majorité présidentielle : avec 460 sièges en 2010 contre 480 en 2004, la perte n'est pas trop sèche. Toutefois, si l'on considère qu'elle a récupéré une partie des sièges de l'extrême-droite, on mesure mieux, alors, combien elle a perdu au centre...
Commentaires
Je ne suis pas d'accord avec ton analyse parce qu'il projette à l'identique le vote absentionniste. Or, celui-ci a bougé parce que le contexte politique a nettement évolué. Je vais schématiser. Il y a deux styles de vote, le vote citoyen et le vote militant. Le rapport entre les deux est de 2/3 1/3. Le deuxième paramètre est la tradition politique. Grosso modo, 1/3 vote traditionnellement à gauche, 1/3 à droite. 1/3 au centre vote tantôt à droite ou à gauche selon les circonstances. Ce tiers là est largement un vote citoyen, pas militant pour deux ronds (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle les partis centristes comptent peu de militants actifs).
En 2004, c'est Chirac et sa politique à la Raffarin côté rad-soc immobiliste qui avait été sanctionné. Et surtout, la gauche avait voulu prendre une revanche suite à la débacle de 2002. La gauche avait donc fait le plein de vote militant en 2004, tout comme elle a fait le même plein en 2010. Or, ce plein là ne pèse pas lourd dans une présidentielle. On l'a vu en 2007, on le verra en 2012. Donc, la gauche sort largement hypothéquée de cette élection. Notamment le PS est enchaîné aux Verts, et est condamnné à l'immobilisme sur tout grand projet. La droite et le centre sont en décomposition. Mais la recomposition est possible. Il suffit donc d'un rapprochement équilibré entre la droite démocratique et le centre pour l'emporter. Ce rapprochement impliquera la renonciation de cette droite démocratique au sarkozisme. Sarkozy sortant de ces élections enchaîné au FN, est potentiellement mort. S'il se recentre, il signe son échec de son bilan. S'il se radicalise pour reprendre le vote FN, il sera désavoué à nouveau à cause de son mauvais bilan.
Question de curiosité : comment faites-vous (ou font-ils ?) pour différencier le vote UDF de gauche et le vote UDF de droite en 2004 ?
Je pense que le résultat important est le suivant:
Nicolas Sarkozy mène la France dans le mur.
Question: Quelle alternative à Nicolas Sarkozy?
Le PS est divisé en 2: Centre gauche et gauche décomplexé.
Le débat sur l'alliance MoDem-PS est en fait un débat pour savoir si le PS doit aller vers le centre gauche ou vert la gauche décomplexé.
Avec l'écroulement du MoDem, je vous laisse imaginer la réponse de la stratégie PS et sur efficacité (ou inefficacité) du PS à redresser la France si elle prend la suite de Sarkozy.
Ajoutons que le fort taux d'abstention et la remonté du score FN noircissent le tableau.
Pour le MoDem, vu la situation, il est temps de devenir le parti centriste indépendant de l'UMP et du PS, car comme l'a montré Jean Lassalle, il y a un espace politique.
@Roulleaux
en effet, la droite est mal barrée.
@Fulrad
la formule est de moi : j'ai distingué MoDem et Nouveau Centre, mais c'est un tour de passe-passe plutôt qu'une réalité...
@Fulrad :
Pour avoir vécu 2004 en IDF, il n'y avait pas de vote UDF de gauche alors. D'ailleurs la campagne de Santini était ressenti en interne comme étant daubesque. Et son ralliement à Copé largement gaubergé. C'était une campagne de m... (encore une).
D'ailleurs ma démonstration n'est pas excellente car j'ai passé à la trappe le vote protestataire des régionales 2010, essentiellement canalisé par le FN et Dupont Aignan.
Je ne vois pas d'où vient l'assertion selon laquelle le MoDem serait une "composante de gauche de l'ex-UDF". Si c'était le cas,
* je n'en serais pas adhérent,
* la gauche ne lui claquerait pas la porte au nez.
La notion même d' "ex-UDF" est pour le moins contestable. L'UDF est toujours là, elle a toujours son siège et ses salariés, j'en suis toujours adhérent aussi, son président est toujours François Bayrou et si certains veulent qu'elle soit ailleurs, ils devraient avoir l'occasion de le dire en cette fin 2010, puisque la période de 3 ans décidée au congrès de novembre 2007 va se terminer.