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éco-système de la démocratie

La dernière note de Toréador sur Haïti m'interpelle : en substance, il questionne la pertinence d'amener démocratie et droits de l'homme dans une nation qui n'a pas les moyens de se les offrir. Il observe, en effet, que dans le drame qui touche ce pays, il y a une large part d'impéritie de l'État. Toréador utilise même les termes d'État failli.

Quand on pense à la démocratie, on y associe très souvent les droits de l'homme, l'égalité, la liberté. Il me semble que c'est réducteur, et puis surtout, que d'un point de vue fonctionnel, il n'y a là rien qui garantisse l'exercice effectif de la démocratie. Les exemples de nations qui se proclament "république" et qui ne le sont à aucun point de vue regorgent.

A mon sens, l'un des tous premiers critères pour l'instauration d'une démocratie, c'est en premier lieu la transparence. La transparence est la première des garanties contre la corruption. L'ONU diffusait tout récemment un sondage effectué en Afghanistan : il en ressort que la préoccupation première des Afghans, ce n'est pas l'insécurité mais la corruption ! Ce qui est plus grave encore c'est que plus de la moitié de la population considère ONG et organisations internationales dans le pays comme corrompues.

L'existence de codes et de lois écrites ne suffit pas : ce qui importe, c'est la manière dont les lois deviennent effectives au niveau local. L'entassement des lois les unes sur les autres génère par exemple, comme l'observe C.K Pralahad (4 milliards de nouveaux consommateurs) une prolifération de micro-règles dont l'interprétation dépend du bon vouloir bureaucratique. Ceci favorise l'émergence d'un secteur informel et non codifié. En somme, trop de lois tuent les lois ou valent absence de lois. Ce qui vaut, aux yeux de Pralahad pour les mécanismes de marché s'applique aux miens largement pour l'établissement de la démocratie.

Il vaut mieux donner des dizaine de millions d'euros aux juges et aux forces de police chargés de faire appliquer la loi, si nous devons apporter une aide aux pays les plus en difficultés, que de construire des écoles, des dispensaires ou de faire don de nos surplus alimentaires (sauf urgence, évidemment).

Or, à l'heure actuelle, aucune nation occidentale développée n'a fait des ces axes majeurs une priorité absolue. C'est à mon avis l'une des causes principales de l'échec de nos politiques de droits de l'homme dans  les pays en proie à la misère.

C'est une erreur non moins entretenue que de s'imaginer que la priorité absolue de ces peuples, c'est de manger d'abord. A l'exception des cas de famines, leur priorité, c'est de pouvoir devenir industrieux et développer leur commerce.

Notre vieux fond judéo-chrétien nous pousse à leur faire la charité : c'est là montrer bien du mépris pour ces nations. Par un paradoxe étonnant, la plupart des nations les plus pauvres sont en réalité très riches. Mais, potentiellement, seulement. Il faut donc pouvoir leur donner la possibilité d'exploiter leur potentiel, c'est à dire leur faire confiance, et leur permettre d'établir des marchés transparents avec des états impartiaux. Ce devrait être, même, la seule et unique aide que nous devrions leur apporter.

Nous n'avons cessé, sous l'effet des repentances diverses et variées, notamment issues de la décolonisation, de nous comporter en gentils bwanas dispensateurs d'aumônes.

J'aimerais voir mon parti, le MoDem, amorcer un virage radical, par rapport à toutes les autres formations politiques, et adopter cette perspective pragmatique, issue essentiellement d'économistes libéraux modérés, venus non de la bien-pensance intellectuelle occidentale mais au contraire, des pays en voie de développement.

Commentaires

  • La corruption est effectivement à l'origine des malheurs de la plupart des pays. Lors de mon dernier voyage en Rep Dom, j'ai pû discuter avec des Haîtiens locaux. Je me demandais pourquoi Haïti qui se partage la même ile était aussi pauvre. La réponse: corruption.
    Cette même corruption annule aussi les aides étrangères (la fameuse charité) en détournant tout ce qui est possible.
    Il me semble par contre que lors des Européennes le MoDem avait mis en avant la lutte contre la corruption via la surveillances des paradis fiscaux où se trouve l'argent détourné.

  • Pas d'accord avec toi. Le garant en dernier recours de la démocratie, ce n'est pas la transparence (notion assez récente et sujette à caution) mais l'état de droit.

    La discussion est cependant très intéressante. Je vais essayer de préparer un billet pour y participer et étayer ma réponse.

  • Il n'y a pas que la corruption. Haïti a été longtemps un État prospère, puis un État comme un autre, et n'est devenu un pays misérable que depuis l'occupation américaine des années 1915-34. Non pas d'ailleurs que cette occupation porte à elle seule la responsabilité de la misère, mais disons qu'elle a porté le coup de grâce au pays en asséchant ses dernières finances.

    La France et les USA devraient rendre l'argent haïtien, par des infrastructures qui emploieraient des travaileurs locaux. Pour le reste, l'Hérétique a raison, ce sont des gens très entreprenants qui veulent développer leurs propres affaires, et le meilleur moyen, c'est là.

  • @Rubin
    Mais la transparence est une condition sine qua non de l'état de droit : elle est donc première...

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