Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Bayrou au G20 !

Dimanche dernier, Bayrou s'est demandé ce que le MoDem et lui diraient s'ils devaient assister au G20 comme interlocuteurs. Intéressant, particulièrement l'idée d'une monnaie de référence. Je reviendrai, en revanche, bientôt, sur les paradis fiscaux car voilà un sujet sur lequel il y a beaucoup à dire et beaucoup d'idées reçues à remettre en cause, y compris au sein du MoDem.

Si nous devions aller au G 20, que dirions-nous ?

Je crois qu'il y a trois choses que nous dirions et que nous défendrons inlassablement pendant les cinq ans ou certain d'entre nous siégeront à Strasbourg et Bruxelles au Parlement européen.

La première chose que nous dirons, et ce n'est pas la première fois que cela s’est exprimé à cette tribune : nous avons identifié depuis longtemps, non pas la cause, mais ce qui autorise les aléas dans lesquels vit cet univers globalisé. Nous savons très bien que cela passe par l'évasion fiscale, les fraudes, l'argent au "black". C'est dans les paradis fiscaux que cela se passe.

Je veux dire que la première des choses que l'on attend du G20, et je crois que c'est possible, je crois qu'ils vont le faire, je crois qu'il y a des signes qui vont dans le bon sens, c'est que l'on éradique les paradis fiscaux de la surface de la planète politique et économique.

Éradiquer les paradis fiscaux, c'est au fond assez simple. Les États-unis l'ont fait. Il y avait un certain nombre de ces paradis off shore qui leur opposaient le secret en matière fiscale, et pour lutter contre Al Qaïda ou pour lutter contre les maffias, les États-Unis ont dit : c'est très simple, vous avez deux semaines devant vous, si vous continuez à nous opposer le secret, vous ne pourrez plus commercer avec aucune entreprise des Etats-Unis.

Cela a suffit, et en quinze jours ils ont plié.

C'est la raison pour laquelle je plaide pour que nous ayons une décision simple au G20, c'est que pour tout pays qui n'accepte pas la transparence en matière financière et fiscale, ses entreprises soient exclues des échanges avec les pays démocratiques de la planète et ainsi, si le contrat n'est plus valable, elles ne pourront plus commercer.

Vous avez vu que même la Suisse a, de ce point de vue, évolué en quinze jours, car elle ne pouvait pas faire autrement. C'est une question de volonté politique de la part des États démocratiques, et j'espère que cette volonté politique, ils l'auront.

Il y a une deuxième idée que je voudrais défendre devant vous. Dans ce règne du virtuel sur le réel et qui a été en réalité la crise que nous avons vécue, dans ce règne, il y a une grande responsabilité qui est dans l'absence d'organisation des marchés et notamment des marchés à termes.

Je ne vais pas m'étendre, car c'est technique. Il y a une exigence d'organisation des marchés à termes qui pourra permettre de limiter un certain nombre de dérives que nous avons connues en matière de spéculation, et notamment de spéculation sur les matières premières, et qui ont été extrêmement dommageables dans la crise que nous avons vécue.

Il y a une troisième idée que je voudrais défendre devant vous.

Cette semaine, il s'est passé un événement très important, passé inaperçu du grand public. C'est que les autorités chinoises ont publié sur le site Internet de la banque centrale de Chine une idée que l'on avait souvent évoquée dans le passé, mais qui paraissait irréaliste à l'époque et que je voudrais défendre devant vous.

Cette idée, c'est celle de créer, dans le monde, une monnaie de réserve ou une monnaie de référence qui soit une monnaie internationale, et pas le dollar des États-unis.

Pour le coup, s'il y a des gens qui, depuis des années, utilisent sans savoir sa signification la phrase « nous devons faire un nouveau Bretton Woods », là pour le coup, c'est pire.

L'idée selon laquelle l'économie du monde ne s'organise plus autour de la monnaie d'un État, les États-Unis et le dollar, comme monnaie de réserve pour le monde. Ce n'est pas la monnaie du monde, c'est la monnaie des Etats-Unis -et les États-unis utilisent leur monnaie dans la création monétaire, création de dettes, comme ils l'entendent, ce qui est bien leur droit- mais une monnaie, la monnaie d'une zone particulière du monde, d'une puissance particulière du monde ne devrait pas être la monnaie de référence pour le monde entier.

Il faudrait, il faut, et je défends devant vous l'idée d'une monnaie de référence pour le monde qui ne soit plus le dollar seulement, mais qui soit une monnaie appartenant à la communauté des États du monde, non pas la monnaie des uns pour l'avantage des uns, mais une monnaie qui fasse référence pour tout le monde.

Je vois bien pourquoi les autorités chinoises ont publié cette tribune, c'est parce qu'elles commencent à avoir des craintes pour l'avenir du dollar en tant que tel.

En voyant les déficits commerciaux d'un côté budgétaire de ce grand pays, ils se disent : nous qui avons des milliers de milliards en dollars -696 milliards en bons du trésor, chiffre que j'ai vérifié hier matin en préparant cette intervention- n'avons-nous pas du souci à nous faire pour la valeur de nos avoirs ? Allons-nous être contraints longtemps d'acheter du dollar pour le soutenir ? C'est ce qui se passe !

C'est une question très importante et qui doit nous amener à nous interroger. Après tout, nous avons fait une monnaie commune en Europe, mais là il ne s'agit pas d'une monnaie en billets et en pièces, il s'agit d'une monnaie scripturaire comme l'on dit, il s'agit d'une monnaie de référence.

L'idée est que le XXI ème siècle permettra au monde de n'être plus dépendant d'une monnaie, de ses fluctuations et de ses aventures. Il permettra d'avoir une monnaie appartenant à la communauté internationale. Cette idée est une idée de progrès et de sécurité. C'est une idée qui met du stable dans l'instable.

Chacun aura sa monnaie qui fluctuera par rapport à cette monnaie de référence, mais la monnaie de référence ne sera plus fragilisée par les aventures d'une société particulière, d'un pays particulier, d'une politique particulière.

Nous avons souffert d'instabilité et cette idée est une idée de stabilisation, un élément stable auquel chacun pourra accrocher son bateau s'il le souhaite et s'il le désire.

Il me semble qu'il y a là une idée de progrès et je voulais la défendre devant vous. Je la proposerai à nos instances pour que nous l'ajoutions à notre programme.

Commentaires

  • il est trop fort ce Bayrou ! Une monnaie orange, ça aurait d l'allure, non ?

  • C'est important de rappeler que la volonté politique utilisée à bon escient permet d'agir. Dire que les paradis fiscaux n'existent que parce que les politiques le veulent bien est un message fort. Il n'y a qu'en période de crise globale qu'une décision de mettre fin aux paradis fiscaux pourrait obtenir un consensus suffisant pour aboutir.

  • Seriez-vous candidat, ou figurant sur une liste...Quelconque?
    J'aiderai à l'avenir, autant que vous l'avez fait, so far :D
    La Chine, plus complexe...Votre présentation est réductrice du problème soudainement, vous ne teniez pas ces propos cet été.

  • J'ai déjà le symbole pour la monnaie mondiale de référence : la lettre Phi doublement barrée.
    Phi car c'est une planète ronde, barrée comme le dollar, le yen ou l'euro.
    Phi car on l'appelle le nombre d'or.
    Phi car il est symbole d'équilibre parfait.
    Phi car c'est l'abréviation de finance.
    Un rêve de gamin ^_^

  • Les chinois ont raison de proposer maintenant cette idée car ils vont en quelques mois être ruinés.

    Car, ce 18 Mars 2009, Barak a accepté un quantitative Easing de la FED.

    En gros, la principale conséquence une chute attendue du dollar.

    Ils ne savent déjà plus quoi faire de leurs bons du trésor US, ca leur colle aux mains...

    http://disparitus.blogspot.com/2009/03/quantitative-easing-la-crise-est-finie.html

    Ils ne proposent pas cela pour rien, les chinois. Car, là ils vont friser la ruine !

  • @ Disparitus

    C'est ce qui m'inquiète, au final : avec tous ces emprunts publics, ne va-t-on pas vers une crise des États ?

  • pour étayer le propos de disparitus, il faut savoir que la chine possède une partie de la dette américaine, que la monnaie chinoise est indexée sur le dollar.

    La baisse du dollar entraîne mécaniquement une augmentation de l'inflation qui elle entraîne mécaniquement une baisse de la dette publique, "bien vu les ricains".

    bon nombre de politique et d'économistes espèrent une augmentation de l'inflation en europe pour les mêmes raisons car il vaut mieux un peu d'inflation( jouant sur la dette publique) plutôt que de la stagflation.

    pour ceux qui veulent mieux comprendre les enjeux
    http://www.come4news.com/inflation-galopante-de-10-aux-usa-le-jour-o-vous-etes-devenus-moins-riche-310901

  • @l'hérétique

    De Gaulle évoquait le super privilège des US de s'endetter dans leur propre monnaie.

    Maintenant, ils vont en profiter et se débarrasser de leurs dettes an faisant tourner à fond la planche à billets. Ce sont les détenteurs des créances américaines et anglaises qui vont souffrir.

    On va avoir une crise sociale résolue aux UK et aux US, une Europe prise dans un carcan fou sauf à démonter Maastricht et une Chine qui va soit exploser soit déclencher une guerre totale.

    Et c'est là que la position sur l'Europe doit changer, c'est une clef.

  • @europium

    D'accord avec vous mais l'Europe a du boulot pour s'en sortir autrement que par les gains de productivité.

  • Sur le premier point: pas mieux.

    Sur le deuxième point, réglementer les marchés à terme n'est qu'un des aspects du problème. Nettement plus significatif, la réglementation des méthodologies de prise de risque, de comptabilisation des actifs et passifs, ainsi que sur l'identification des actifs faisant l'objet d'ingénierie financière et de titrisation, doit être une priorité. Le risque systémique apparaît lorsqu'il n'est plus possible d'identifier les risques dans les mécanismes de financement du système. Toute autre démarche amène à renouveler la prise de risque.

    Sur le troisième point, la "monnaie mondiale" existe déjà techniquement depuis 1969: les DTS (Droits de Tirage Spéciaux) ou SDR (Special Drawing Rights). Il serait nécessaire d'internationaliser les quotités des DTS, en intégrant les autres monnaies du G20 et de l'OCDE (au delà du dollar, l'euro, le yen et la livre). Par ailleurs, dans un souci de limitation des risques financiers systémiques aux pays du tiers monde (notamment l'augmentation des taux d'intérêt et le credit crunch), il serait nécessaire de promouvoir la parité DTS / monnaie locale. La moindre des choses lorsque l'on se prononce sur ce sujet c'est de faire référence à ce qui existe déjà (quitte à le renommer), avec des propositions d'amélioration (quid de Michel Camdessus et sa présentation lors de la première CN, loin des yeux, loin des raisonnements?).

  • A lire sur les SDR: http://www.actionforex.com/fundamental-analysis/daily-forex-fundamentals/dollar's-status-as-reserve-currency-coming-under-increasing-pressure-2009032983324/

Les commentaires sont fermés.