S'il est bien quelque chose que le lecteur de Montesquieu que je suis a trouvé savoureux au possible, c'est cette réaction de Marielle de Sarnez à la conférence de presse de Nicolas Sarkozy.
Je la cite texto :
«Je suis contre la centralisation excessive des pouvoirs. La modernité, c'est de faire vivre une société et ses corps intermédiaires.»
Il faut bien savoir que chez Montesquieu, les corps intermédiaires servent de contre-pouvoir en régime monarchique... Je ne sais pas exactement ce que Marielle de Sarnez avait dans la tête en pensant à Nicolas Sarkozy, ce jour-là, mais, j'en ai tout de même une bonne idée...
Dans l'Esprit des Lois, les corps intermédiaires sont en fait les garants de la liberté parce qu'ils permettent à l'individu de ne pas se retrouver seul face au monarque, ou plus simplement à l'Etat.Leur rôle est de modérer le pouvoir du monarque en monarchie, mais le raisonnementvaut aussi pour notre régime présidentiel.
Les adversaires de Montesquieu, au premier plan desquels les Marxistes et notamment Althusser (mais aussi Condorcet, par exemple...), ont voulu faire des corps intermédiaires la noblesse, et exclusivement la noblesse dans l'esprit de Montesquieu. En réalité, je pense que l'intention de l'auteur de l'esprit des lois était bien plus large.
J'ajoute que la propension du MoDem a faire confiance aux associations s'inscrit dans la droite ligne de cette philosophie politique, et que l'on retrouve cette même marque dans le programme municipal de Marielle de Sarnez. Plutôt qu'une municipalisation à outrance, tendance très nette de Delanoë et des Socialistes ; le MoDem parisien et Marielle de Sarnez, préfèrent faire confiance aux corps intermédiaires locaux, à commencer par les associations diverses et variées, mais également aux individus. Ceci correspond à une volonté de lutter contre touteforme de concentration des pouvoirs.
Commentaires
Je pense que là, Marielle de Sarnez déconne doublement
1) d'abord parce que ce qui ressort de la réflexion de la commission Balladur est un vrai renforcement du parlement, quoi qu'en dise F Bayrou (voir ce qu'en dit Bourlanges et que j'approuve)
2) Ensuite, parce que la vrai modernité, ce n'est pas des corps intermédiaires forts face au pouvoir central, c'est le fonctionnement en réseau: le terme "intermédiaire" est compéletement inadapté pour décrire ce fonctionnement!
Il est vrai que là, on est dans l'incapacité de la quasi totalité de la classe politique à penser qu'ils ne sont pas au coeur de la société! Iil faut lire de Vulpian sur les gens ordinaires!
Bonjour Gérard,
Je pense que le commentaire de Marielle de Sarnez visait plutôt la manière de gouverner de Nicolas Sarkozy.
Pour les réseaux, ne vous faites pas d'illusion : ils répliquent les schémas qui existent déjà, et au contraire, intermédiaire me paraît adapté pour décrire ce qu'ils sont. Chez Montesquieu, les corps intermédiaires, ce ne sont pas seulement les nobles ou même le Parlement, mais les prêtres, les corporations, et cetera...Les ancêtres de nos réseaux actuels.
Enfin, je pense justement que Marielle de Sarnez ne pensait pas seulement à la classe politique en disant cela.