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uli hoeness

  • La hargne fiscale tourne à la rage en Allemagne

    Je suis assez sidéré par le sort du patron du Bayern Munich, Uli Hoeness en Allemagne. Voilà un homme qui a pris les commandes d'un club de football qui était endetté jusqu'au cou et à l'article de la mort il y a 30 ans et en a fait une entreprise florissante dont les comptes sont positifs pour le 19ème exercice d'affilée. Voilà un homme qui s'est fait tout seul : fils d'un artisan boucher, il est parti de pas grand chose pour devenir un grand nom de la sphère sportive, économique et politique allemande. Voilà un ancien footballeur d'exception qui blessé gravement au zénith de sa carrière a su rebondir de manière éblouissante et devenir un gestionnaire et président de club hors-pair. Que l'on soit bien conscient qu'il est entré dans le haut du staff du Bayern à 27 ans. Voilà un homme qui a payé 50 millions d'euros d'impôts ces dernières années. Voilà un homme, dont on ne peut pas dire qu'il a profité du système social allemand. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il l'a plusieurs milliers de fois financé. Voilà un homme qui a créé des milliers d'emplois. Voilà, enfin, un homme estimé de ses concitoyens et courtisé de toute la classe politique allemande (88% d'opinions favorables dans un récent sondage).

    Eh bien cet homme est condamné à trois années et demie de prison ferme. On l'accuse d'avoir soustrait au fisc 27 millions d'euros. Cet argent aurait dû être touché des gains qu'il a réalisés sur la base d'une somme de 5 millions d'euros initiaux en spéculant astucieusement.

    Ce qui me sidère, c'est la vindicte médiatique qui présente sa tentative de préserver ses gains comme une escroquerie. C'est le pompon : qui a-t-il escroqué ? Personne. C'est de l'argent qu'il a gagné.

    Simplement, la hargne fiscale atteint de tels sommets que les États et la presse qui leur doivent tout (du moins, dans nos économies européennes partiellement administrées et subventionnées) présentent comme chose normale le racket permanent auquel ils se livrent, roulements de tambours, de ruines et menaces d'emprisonnement à l'appui.

    J'admets qu'on puisse être condamné pour fraude fiscale à un redressement, encore qu'il faut considérer la nature de la fraude. Mais de la prison ferme, cela relève de la spoliation organisée. Dans l'histoire de l'Europe, ce sont des individus comme Caligula, Tarquin le Superbe (qui ont fini par être chassés par les Romains) qui se livraient à ce genre de prédations.

    In fine, en Allemagne, mais sans doute aussi dans d'autres pays d'Europe, mieux vaut être un violeur avec des circonstances dites "atténuantes" (moi, je n'en vois jamais, mais je dois être un libéral capitaliste tordu qui ne comprend pas la misère du petit peuple, je présume) qu'un individu qui tente de sauver son pécule de l'appétit des États. Ça coûte moins cher en prison, et j'en ai la preuve, car j'ai vu des peines de prison pour viol inférieures à trois ans (quand il devrait en coûter dix fois plus !).

    Le plus effarant, c'est de voir comment la peste s'est répandu dans les esprits, y compris les plus modérés : la chasse aux revenus des autres est devenu un spectacle satisfaisant pour la majorité, qui s'en repaît comme des fauves l'auraient fait des premiers Chrétiens dans la Rome impériale.