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senior

  • Seniors, le label de qualité

    L'histoire se déroule dans une petite commune de la manche. Le maire local recherche un employé municipal pour de menues tâches. Tout aussi sec, il contacte l'ANPE. Parmi les différents candidats auditionnés, il y a un ancien indépendant, âgé de plus de 50 ans. Seulement, l'ANPE fait de la résistance et tente de placer en force des "jeunes". Ben oui, l'indépendant ne touche pas d'indemnités pour son chômage, et en plus, c'est un "vieux". Mauvaise opération financière pour l'ANPE, et puis placer des jeunes, ça fait bien. Mais voilà, le maire est un dur à cuire, et il se fâche tout rouge. Il obtient enfin gain de cause, après s'être déplacé en personne là-bas et arrosé députés et conseillers généraux de courriers outrés.

    L'histoire ne s'arrête pas là. Le bonhomme est un ancien restaurateur. Il a le goût de la propreté, des bons plats et des choses bien faites. Devenu employé communal, les locaux municipaux retrouvent une seconde jeunesse, briqués et nettoyés qu'ils sont chaque jour. Enfin, à chaque festivité, l'homme prépare des petits toasts, avec tout le talent qui est le sien.

    Dans le village, on n'a de cesse de se louer d'un recrutement d'une telle qualité.

    Ceci n'est pas une fable, mais une histoire vécue et récente.

    Je sais que le gouvernement tente de légiférer sur l'emploi des seniors. Ce n'est pas nouveau, c'est un serpent de mer de la plupart de nos derniers gouvernements. C'est un problème de mentalité, dans lequel les médias jouent un rôle extrêmement néfaste depuis fort longtemps. C'est à mon avis une conséquence, entre autres, du jeunisme ambiant. IL faut noter que les différents gouvernements n'ont considéré ce problème que sous l'angle économique et budgétaire, jamais sous l'angle sociétal. En ce sens, les dernières mesures prises ne visent qu'à ne plus payer d'allocations aux seniors chômeurs, non à véritablement les remettre en selle.

    Nos sociétés obsédées d'efficacité s'imaginent les seniors comme des vieilles machines toussotantes et cahotantes. Pourtant, qui n'a pas expérimenté, dans le domaine de l'artisanat, par exemple, le savoir-faire du vieil artisan rompu à son métier ? Et dans les tâches administratives, celui qui connaît les rouages des maison dans lesquelles il évolue sait généralement bien mieux que le jeunot ou le quadra arrogant où trouver l'information.

    Alors, certes, ils coûtent plus cher : mais il vaut mieux payer une seule fois plus cher que deux fois ce qui a été mal fait. De surcroît, le surcoût n'a pas de caractère systématique. Il faudrait, en France, que l'on apprenne à juer sur les qualités réelles et non sur les apparences, comme trop souvent on tend à le faire. Il faut imaginer qu'il y encore peu, les concours de la fonction publique étaient fermés au plus de 45 ans. On pourrait leur proposer peut-être une euthanasie gratuite, tant qu'on y est...!