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drogues

  • Fumeur de haschich

    Tiens, il faut bien que je fasse quelques confidences. Dans ma jeunesse, à l'époque où j'avais presque l'âge des jeunes branleurs qui se prennent pour des manifestants, je lisais assidûment les Paradis artificiels de Baudelaire, goûtant avec délice ses commentaires sur Thomas de Quincey et ses comparaisons entre le vin et le haschich.

    Comme un con, j'ai testé. Mais pas longtemps. 6 mois, pas plus. Au bout de 6 mois, j'ai été exaspéré de devoir dépendre de cette saloperie pour roupiller, et j'ai stoppé net.

    Il n'y a pas que cela : j'ai aussi vu un très bon ami foutre sa couple et sa vie en l'air pour cette merde.

    Les fumeurs de haschich, in fine,  sont toujours dans leur trip. C'est une narcose dont ils ne sortent pas. Au bout d'un moment, ils ne vivent plus que pour leur paradis à deux balles. 

    On entend parfois les plus cultivés d'entre eux faire l'apologie de Rimband et de sa Saison en enfer. Personnellement, je me suis toujours emmerdé sur son Bateau ivre. Je n'ai jamais pu partager ce trip , parce que sur le fond, le délire d'un haschichin, c'est une histoire personnelle, qui ne se partage pas. On se croit «omni» quelque chose, s'étonnant que le monde entier ne partage pas des visions que l'on croit grandioses. En fait, on est ennuyeux à mourir, et les seuls qui partagent vos délires, dans ces moments-là, sont les fumeurs voisins qui croient voir les leurs. M'en fous des peaux-rouges criards, moi. En fait, quand j'y réfléchis, encore aujourd'hui, je sais que c'est le mépris qui a tué l'envie de haschich chez moi. Je n'ai pas eu le temps de m'y habituer. 

    Baudelaire concluait à la fin de ses Paradis Artificiels que seul l'art pouvait amener vers l'Éden. C'est aussi mon sentiment. Ce ne sont pas les drogues qui ont offert à Baudelaire et à Verlaine leurs plus beaux vers, et pas davantage leurs images, mais leur fantastique travail sur la langue et leur sensibilité esthétique exacerbée.