Après avoir évoqué un Paris rêvé, retour à la réalité dans cette nouvelle section de l'analyse de Valérie Sachs,animatrice du groupe de réflexion UDF puis MoDem consacré à l'attractivité de Paris pendant les années 2006 et 2007. Elle y évoque notamment la place de la finance à Paris en étudiant la situation particulière de New-York. Bien sûr, Valérie Sachs se garde bien de chiffrer le nombre d'emplois que pourrait gagner ou perdre Paris, mais l'exemple de la ville américaine est symptômatique des ordres de grandeur et de ce à quoi l'on peut s'attendre en termes de gains ou de pertes à Paris, selon la politique qui sera menée ou non. Dans les prochains billets, j'exposerai point par point les différentes propositions que le groupe de travail qu'elle animait a décliné.
Paris, place financière
L’industrie financière française représente 4,5 % du PIB et 700 000 emplois presque tous localisés à « Paris ». Sa capacité de financement est « un levier déterminant pour le développement des entreprises et de l’économie française, en même temps que le moyen de préserver le contrôle de nos centres de décision1 ». 40% des emplois financiers seront renouvelés dans les dix ans.
Les propositions retenues ont l’ambition de créer un environnement propice à l’activité financière, par la mise en place d’outils adaptés et faciles d’accès qui aideront à une meilleure compétitivité et à la création d’emplois.
Benchmarking de rigueur : New York, Londres
Nous saluons la démarche du Maire de New York Michael R. Bloomberg, qui est à l’initiative du rapport « Sustaining New York’s and the US’ Global Financial Services Leadership » (Annexe 1) pour relancer la place financière new-yorkaise. M. Bloomberg fait effectivement partie du métier, ce qui le différencie et l’avantage par rapport aux maires des autres capitales financières mondiales.
Un groupe d’experts britanniques réfléchit actuellement à des mesures notamment réglementaires et fiscales pour améliorer la compétitivité de la City. La démarche et le contenu de ces deux rapports vont nous servir de guide dans l’élaboration de quelques-unes de nos propositions pour Paris.
Il s’agit pour New York d’une initiative conjointe de la Ville et de l’administration américaine. Il est révélateur de constater qu’en France l’initiative new-yorkaise est perçue comme une initiative fédérale (sous impulsion du Secrétaire d’Etat au Trésor, Henry Paulson) ou dans le cas de Londres comme une initiative de Gordon Brown, tant il est dur pour nous français d’imaginer « Ken le rouge » s’intéresser à la City et pourtant… Derrière le côté anecdotique du propos, on saisit mieux pourquoi, à la lecture du projet français Finance Innovation, la Ville de Paris ne semble qu’un simple co-contractant. Le projet (page 8) précise de façon laconique que des contacts avec le Conseil Régional d’Ile de France et la Ville de Paris sont en cours.
Si New York ou Londres cherchent à réagir face à la concurrence des autres places financières mondiales afin de se maintenir au rang de leader mondial dans une économie globalisée, il est impératif pour Paris d’être proactif et de repenser le développement de sa place financière.
La question de la législation fiscale française
La législation fiscale est une arme économique de compétitivité or en France sa complexité est stupéfiante. Elle engendre une visibilité réduite pour les investisseurs, sur le poids exact de la fiscalité par exemple et une instabilité dissuasive due notamment aux alternances politiques (source : Centre de Recherches pour l’Expansion de l’Economie et le Développement des Entreprises). Cette question dépasse les compétences de la Ville de Paris et de notre groupe de travail, seule la fiscalité strictement parisienne sera traitée dans ce rapport. Elle reste néanmoins un élément incontournable de toute réflexion pertinente.
Lancement du pôle de compétitivité mondial FINANCE INNOVATION
Le pôle de compétitivité mondial FINANCE INNOVATION vient d’être labellisé (4 juillet 2007) par le gouvernement français lors d’un comité interministériel d’aménagement et de compétitivité des territoires (Ciact) parallèlement aux Rencontres Financières Internationales de Paris EUROPLACE.
Christine Lagarde, nouvellement nommée ministre des Finances2, s’est immédiatement emparée du sujet. Elle a annoncé le 5 juillet la création d’un Haut comité3chargé de renforcer l’attractivité de la place financière de Paris qui se réunira à partir du mois de septembre 2007, et a déjà tracé quelques pistes parmi lesquelles la possible suppression de l’impôt de bourse4. Il y a un an, son prédécesseur s’engageait lui aussi à faire de Paris LA place financière leader…
Ne pas agir face à la concurrence internationale a un coût que New York a chiffré. Dans l’hypothèse probable où le marché américain risquait de perdre entre 4 et 7% de part de marché au cours des cinq prochaines années (avec une croissance globale du secteur comprise entre 8 et 10%), enrayer seulement le mouvement rapporterait entre $15 et 30 milliards de revenus pour l’année 2011. Compte tenu du lien constant entre revenus et emplois, cela se traduirait par la création de 30 000 à 60 000 emplois directs garantis, sans compter la stimulation vers les autres secteurs, et les emplois indirects (immobilier, infrastructure, etc.).
Quel rôle peut jouer la Ville pour promouvoir la compétitivité du secteur financier ? Quel agenda pour Paris ?
1p. 5 du rapport FINANCE INNOVATION joint en Annexe 2.
2« Enrichissez-vous ! » a t-elle lancé en référence à Guizot… Entrepreneurial ou furieusement déplacé?
3Accélérer la simplification administrative et réglementaire.
4L’impôt de bourse est une taxe proportionnelle à la valeur des transactions.