Je viens d'apprendre sur le Figaro qu'en dépit de l'opposition résolue de la mère biologique qui tenait absolument à abandonner son enfant, des grand-parents biologiques viennent de récupérer la garde de l'enfant envers et contre tout.
Je fais confiance aux juges de la Cour d'appel d'Angers pour avoir pris cette décision après avoir vérifié que a) l'enfant n'était pas né d'un viol b) les grand-parents pouvaient représenter une famille aimante et sécurisante.
Nonobstant ces postulats fondamentaux à mes yeux, je salue la décision de ces juges. Elle enfonce enfin un coin dans l'idée répandue qu'un enfant est la propriété exclusive de ses parents.
Les juges ont cherché avant toutes choses l'intérêt supérieur de l'enfant. Il faut saluer aussi l'attitude très digne des grand-parents : ces derniers font valoir que leur fille fait peut-être bien une bêtise en voulant que son enfant devienne pupille de la nation. Ils déclarent donc vouloir assurer l'intérim aussi longtemps que nécessaire.
Je me réfère souvent à Maria Montessori quand j'évoque les questions de pédagogie sur ce blogue, mais je crois que je peux à nouveau en appeler à ses mânes. L'enfant n'est pas la propriété de l'adulte. L'adulte est là pour générer l'atmosphère bienfaisante qui permettra à l'enfant de réaliser le plan secret que la nature a prévu pour lui. Tout doit être fait pour que ce plan, ce que Maria Montessori nomme l'embryon spirituel, arrive à sa maturité. C'est l'honneur des adultes et une mission sacrée que de ne pas contrarier ce développement, mais de l'accompagner.
Ne pas substituer sa volonté à celle de l'enfant est donc un pré-requis. En la circonstance, permettre à cette petite fille de vivre au sein d'une famille qui est la sienne et qui l'aime, c'est très clairement favoriser son développement et lui garantir une atmosphère bienveillante.
Je ne veux pas fustiger la jeune femme, je ne sais pas ce qu'elle a vécu, mais, en revanche, aucun état d'âme par rapport à la décision des juges. Elle n'est pas la propriétaire de son bébé, qu'elle se le dise bien, et le petit être n'est pas comptable de ses mésaventures et encore moins de ses démêlés avec ses parents.