Dans son dernier petit, Pol Pot Petit s'indigne : en l'absence d'un politburo digne de ce nom des jeunes gens se sont réunis pour prendre la pose sans l'aval du Soviet Suprême de la Bonne conscience. L'objet de son ire ? Une réunion des futures élites politiques de la République, crime politique sans nom, car il associe de vertueux et jeunes militants de gauche à l'infâme Benjamin Lancar, porte-parole de la diabolique pensée umpiste au sein de notre belle et vertueuse jeunesse ouvrière.
Mon Dieu ! Indignation ! Pas un ouvrier ou fils d'ouvrier là-dedans ! Saint-Bourdieu, priez pour Pol Pot Petit. Pire, des gens de gauche et des gens de droite côte à côte. Mon Dieu, mon bon Pol Pot Petit, ne vous promenez plus dans la rue ! Une personne sur deux en moyenne sera de droite, parmi ceux que vous croiserez, voire, hérésie socialiste, aux côtés desquels vous attendrez un bus ou ferez une file.
Voyons, voyons, que reproche Pol Pot petit à Benjamin Lancar ? Est-il jeune ? Oui. Est-il militant ? Oui. Est-il républicain, alors ? Sans aucun doute. Jamais je ne l'ai entendu plaider pour l'établissement d'une dictature en France. Est-il de gauche alors ? Ah, ça, non d'un Petit Khmer rouge, non, saperlotte, il ne l'est pas, le gredin ! le vil individu ! l'infâme fils de koulak !
Se prenait-il déjà au sérieux, notre khmer rose, quand il composa son hymne à la rouge vertu ? Voilà la première question qui m'est venue à l'esprit quand j'ai découvert le billet qui ornait la Une du Post du jour.
Ah, le 20ème siècle fut celui des Joseph Pulitzer, Albert Camus, Hubert Beuve-Méry, Joseph Kessel...Le 21ème est celui des Pol Pot Petit. Il a mal commencé et finira mal.
Ces nouveaux journalistes ont déjà intégré la novlangue du tout médiatique et bien-pensant. Parmi eux, pas un fils d'ouvriers, pas un fils d'agriculteurs. Classes dominantes...reproduction sociale...
Mais, enfin, n'est-on pas sectaire en refusant de poser avec des gens qui ne sont pas du même monde républicain que soi ?
Quo usque tandem abutere patientia nostra, Pol Pot Parvule minor* ? ...
* Jusques à quand abuseras-tu de notre patience, Pol Pot Petit le minus...(librement inspiré des Catilinaires de Cicéron)
Commentaires
chez les journalistes non plus, il n'y a pas de fils d'ouvriers ou de paysans ...!
Mmmouais... La forme est évidemment maladroite, mais je crois comprendre et partager le fond.
C'est une chose de dialoguer avec un adversaire politique sur un plateau de télé, c'en est une autre de poser avec lui en groupe, à la une d'un magazine, en dehors de tout débat. Cela crée, au delà de toute différence idéologique ou politique, le sentiment d'une caste dont les membres se serrent les coudes. Ici, l'impression que produit sur moi la photo est celle d'un groupe de jeunes qui viendraient de réussir un concours ou de gagner une compétition sportive : ce n'est pas la politique qui est mise en avant, mais la "fraternité", la "solidarité" voire l'identité de ces jeunes hommes et femmes politiques. De la politique considérée comme un métier ou une corporation. Je pense effectivement que c'est maladroit.
"La forme est évidemment maladroite, mais je crois comprendre et partager le fond."
Idem pour moi.
Les sarkozisme (s'il existe...), défendu par Lancar, est-il si républicain que ça?
Quand on concentre les pouvoirs, quand on méprise à le parlement, quand on communique au lieu d'informer, quand on dessert l'intérêt général au profit d'un clan, etc... La question se pose, non?
Il me semble que la citation s'écrit plutôt quousque tandem...
non?
Bonjour César,
Je remets ici le commentaire que j'avais écrit à Pol Pot Petit sur cet article du post :
"C'est un billet sectaire.
Si je suis votre raisonnement, si Benjamin Lancar avait un infarctus, il faudrait le laisser crever.
Je comprends comment Staline a pu opprimer tant de gens.
Je ne suis pas de votre avis, pour moi, il faut laisser s'exprimer Benjamin Lancar, d'abord c'est la démocratie, et ensuite c'est si bon de l'entendre se dynamiter lui-même...
Refuser de poser à ses côtés ? Mais il n'est pas un néonazi tout de même.
Y'avait le point Godwin, le point Lefebvre, vous venez de créer le point BRP :
Si tu marches sur le même trottoir qu'un gars de l'UMP, il faudrait te priver de tes droits civiques... "
C'est terrible de n'avoir rien d'autre à dire que l'attaque sur l'origine sociale! ça fleure bon les temps de la pensée marxiste dominante, avec une mystification du prolétaire authentique et vertueux face au bourgeois superficiel et égoïste.
Qu'on se le dise, la France est un pays construit par et pour sa capitale. Il est logique que son élite se concentre sur Paris et que les diverses mouvances politiques qui la compose soit à l'image de cette élite qui habite Paris et sa région: urbaine, qualifiée, engagée et plus fortunée que la moyenne. Mais peut-on juger un individu à sa naissance sinon au contenu de son porte-feuille? C'est tout aussi absurde que de conclure à des déterminismes en fonction du sexe ou de l'orientation sexuelle.