Vous vous rappelez de l'homme qui dénonçait la Françafrique à papa ? et de celui qui suggérait à l'homme africain de tourner ses regards vers l'avenir ?
Alors moi j'aimerais bien que l'on m'explique pourquoi la France soutient sans conditions un type qui occupe frauduleusement le pouvoir depuis 1990, rêve de modifier la constitution pour se faire nommer président à vie, et profite du désordre ambiant dans son pays pour faire enfermer les leaders de l'opposition. Leaders qui ont été torturés à de multiples reprises.
Je peux comprendre que la France ne souhaite pas que le chaos s'installe au Tchad, et d'ailleurs, personne ne le souhaite. Je peux d'autant plus le comprendre que les rebelles sont manipulés peut-être par le Soudan. Mais tolérer qu'Idriss Deby en profite pour faire disparaître ses opposants, c'est intolérable.
Le moment est au contraire propice pour faire pression sur Déby afin qu'il admette de vraies pratiques démocratiques et lièbre définitivement ses opposants. On a au contraire tout l'inverse. Alors entre la visite de Khadafi, les mamours à Omar Bongo, et maintenant le soutien inconditionnel à un quasi-dictateur, je trouve que cela commence à bien faire.
Et au fait, et Koucher et sa diplomatie éthique, elle en est où ? Que valent la prole de Nicolas Sarkozy et ses grandes déclarations ? Manifestement, pas grand chose...
Commentaires
Je comprends ton envie de faire pression sur un dictateur, mais nous ne pouvons nous ingérer dans un système politique complexe pour lequel nous n'avons qu'une compréhension superficielle (au delà de ce que nous faisons pour l'ensemble des régimes africains de cette nature)... Les liens tribaux sahéliens sont fragiles et participent d'un équilibre instable, ils ne supporteraient pas un saut vers un standard démocratique du jour au lendemain. Tous les acteurs de la crise tchadienne (à rebondissements) ont gouverné le pays (le plus souvent ensemble), ont effectué des coups d'états (le plus souvent ensemble), des tentatives de coups d'état (séparés) et ont participé à des exactions anti-démocratiques et anti-humanitaires dans l'est et le nord du pays.
Il faut intégrer que les opposants ne sont guère mieux que Déby (malgré leurs grandes déclarations sur la démocratie), ils sont soutenus par les soudanais, pays qui n'hésite pas à commettre des génocides à répétition ou les libyens (no comment)...
Pour ma part, je suis plus partisan d'une neutralité de la France (autant que possible) dans le cadre de sa mission de protection des réfugiés et de containment du Soudan. Tant que les actes d'Idriss Déby sont de nature politique et pas humanitaire, son régime ne sera ni mieux, ni pire que ceux de ses voisins (Mauritanie et Mali exceptés). Tous les efforts de démocratisation du régime devraient avoir lieu par le biais de l'ONU (sans que ces actes ne puissent remettre en cause ses actions dans les camps de réfugiés). Le remettre en cause (plus qu'un autre régime africain de la même nature) revient à participer à la déstabilisation du pays et de sa sous-région à un moment critique (une simple colonne de 200 pick-ups a failli mettre le régime à terre et installer un régime pro-soudanais).
Petits liens vers mes billets à ce sujet:
http://quindi.typepad.com/log/2008/02/quindi-tentativ.html
http://quindi.typepad.com/log/2008/01/quindi-leufor-e.htm
Cependant, je suis en accord avec toi qu'il nous faut une réelle remise en cause de la Françafrique; de la nature des liens que nous entretenons avec des régimes non démocratiques qui ne favorisent pas ceux qui justement ont fait des pas vers une réelle démocratie (Sénégal, Mauritanie, Mali) mais aussi en réintégrant dans notre politique africaine des pays qui n'ont pas de lien historique colonial avec la France comme l'Afrique du Sud (de Mandela / Mbeki, pas celle de Zuma) , le Libéria, qui peuvent devenir de véritables alliés en matière de démocratisation du continent!