Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont en commun de tenter de récupérer le langage de la fermeté, et pourtant à bien y regarder, on réalise vite que ce n'est que grands coups d'épée dans l'eau.
Nicolas Sarkozy veut prendre à bras le corps le problème de la sécurité, mais il agit dans ce domaine avec un amateurisme inquiétant : ce n sont pas les hochements de menton et les effets d'annonce qui peuvent avoir raison de la délinquance ; l'augmentation des effectifs de police n'est pas non plus suffisante. Aujourd'hui, on ne peut espérer venir à bout de ce phénomène sans agir à trois niveaux : éducation, police et justice. L'aspect préventif se traite d'abord ppar l'éducation, et sur ce point, on peut espérer que l'Education Nationale joue enfin un rôle positif. L'aspect répressif, quant à lui, ne peut être efficace sans moyens d'action : le premier d'entre eux, c'est la possibilité pour la justice de fonctionner. Un juge ne doit plus avoir 1000 dossiers à traiter en même temps. Il faut donc au moins tripler le budget du ministère de la Justice. Il n'y a pas de répression efficace sans rééducation : le milieu carcéral est une machine à produire de la délinquance. Il n'y a pas de réflexions possibles sans isolement : chaque délinquant doit pouvoir réfléchir sur ses actes dans sa propre cellule, c'est une évidence. La solitude est propice à la méditation et au recul. Il faut donc construire des prisons, même si cela coûte cher. On devrait profiter de ce que la coercition est possible pour rééduquer les délinquants : inutile de s'encombrer de télévisions et d'équipements sportifs coûteux. Une bibliothèque, des cours à distance et de l'exercice physique : voilà un tryptique gagnant. A ce dernier, on peut ajouter un travail, dans la mesure où évidemment, il est rentable.
Bien sûr, les roulements de tambours martiaux font de l'image, surtout dans les médias, mais sur le fond, ce sont avant toutes choses des coquilles vides, et finalement, Nicolas Sarkozy démontre surtout son manque de volonté politique en la matière, voire pire encore, l'instrumentalisation de ce sujet sans politique réelle derrière : un coktail politiquement explosif, car les gens du peuple finiront bien par réaliser qu'on les a bernés...
En ce qui concerne Ségolène Royal, elle parle d'encadrement militaire à l'école pour les élèves délinquants ou très perturbateurs : ne rêvons-pas. Ségolène Royal a fait partie du gouvernement Jospin, elle a fait équipe avec Claude Allègre : si elle avait l'intention de rétablir un tant soit peu l'autorité à l'école , cela se saurait. Accessoirement, en plein déficit budgétaire, sa politique aurait un coût astronomique. En revanche, on a bien compris qu'elle trouve prétexte dans le rétablissement de l'autorité (donc plus de présence d'adultes dixerunt en choeur les Socialistes) pour proposer ni plus ni moins le doublement des heures de travail des enseignants dans les établissements. Pour pas un radis de plus : c'est là en fait l'antienne des sociologues et autres pédagogistes de longue date, et Ségolène Royal a trouvé un bon relais avec ces derniers.
Bref, une fois de plus, nous sommes dans le mensonge, et aucune proposition sérieuse à la clef...
Commentaires
Vous connaissez le problème général du budget: quand on propose une dépense, on doit proposer une recette équivalente. Je vois beaucoup de postes de dépenses indispensables sans compter la dette. Alors, où économise-t-on?
Entièrement d'accord avec vous sur le fait que la "présence d'adultes" n'a de sens que s'ils appliquent une politique de fermeté. Mais dans ce cadre-là, cela aurait du sens.
Il faut simplement scinder le cas des délinquants confirmés de celui de tous les autres, et la solution des établissements spéciaux fermés par exemple est acceptable, si on la réalise et si on y pense la rééducation avec les moyens de l'imposer au lieu de se contenter d'y parquer des jeunes.
En fait, le problème est aussi la volonté de régler le problème. Et Royal est disqualifiée sur ce plan-là.
Sarkozy l'est, lui, parce qu'il ne pense pas à tout ce qui n'est pas répression, qui n'est même pas un enjeu pour lui.
Vive la révolution civique...
Il faut en effet le scinder, et à tous niveaux. Dans les prisons également.
Je n'ai en effet confiance ni dans l'un ni dans l'autre : la première parce que les petites phrases ne coûtent rien et que je n'imagine pas qu'elle ait une majorité pour faire ce qu'elle dit, et le second, parce qu'il navigue à vue selon le sens des sondages.
Heresie, je poste ici une copie de ce que je viens de laisser sur le blog d'A. Lambert, que tu sembles apprécier.
Je crains en effet d'être censuré...
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http://www.alain-lambert-blog.org/index.php?2006/06/28/552-la-france-compte-plus-de-47-millions-de-fonctionnaires&cos=1
M. Lambert,
Je me rappelle de vos déclarations démagogiques à l'occasion de "la" grève du quai d'Orsay il y a quelques années, lorque vous étiez au gouvernement. Vous aviez alors menacé de publier les traitements des ambassadeurs afin de les livrer à la vindicte populaire... Vous et vos collègues n'étaient pas aussi courageux quand la CGT et FO investissaient la capitale...
Vous n'avez pas vraiment de légitimité pour évoquer le problème du surnombre de fonctionnaires (ou de leur répartition entre les trois fonctions publiques) compte tenu de votre absence complète de courage depuis que votre parti est aux manettes.
Pour ce qui me concerne, je vois de grosses économies possibles dans la fonction publique territoriale et, au sein de la fonction publique d'Etat, à l'Education et aux Finances, les deux ministères dont les résultats sont les plus désastreux.
http://francelatine.over-blog.com
eh non, généralement, il ne censure aps : c'est ce qui rend les débats intéressants sur son blog.