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Economie - Page 2

  • Un modèle payant possible pour la presse

    Je vois que la presse a bien des difficultés : presque tous les magazines et quotidiens deviennent payants avec un système d'abonnement. Je pense que ce modèle pèche par un travers : si l'on veut lire un article, il faut systématiquement créer un compte et prendre un abonnement au moins d'un mois.

    Je pense qu'un système qui marcherait serait de proposer chaque article ou numéro du jour ou de la semaine à l'achat via paypal.

    Je renonce très souvent à lire une information à cause de cela : pas envie de créer un compte et de m'abonner durablement alors que seul un article m'intéresse.

    Parmi les magazines et quotidiens qui pour moi font les frais de cette absence de diversité d'offres, il y a le Parisien, auquel j'aurais très souvent acheté des articles s'ils mettaient en oeuvre cette solution, et Le point. Mais ce ne sont pas les seuls, Le Monde, Le Figaro, sont aussi concernés, je les consulte souvent.

    Bref, il faut faire comme en kiosque mais en ligne : pouvoir acheter à l'unité.

    Je tiens le pari que ça marcherait très bien et générerait pas mal de revenus.

  • Taxe d'habitation : idée généreuse mais c'est aux maires de décider

    Mes lecteurs l'ont compris, je soutiens Emmanuel Macron, désormais, mais, je n'ai pas pour autant perdu mon sens critique.

    J'ai trouvé son programme économique pertinent et modéré, s'appuyant sur des conjectures très raisonnables mais il y a un point qui me chiffonne dedans : Emmanuel Macron annonce que 80% des Français ne régleront plus la taxe d'habitation. Je suis pour une diminution de la fiscalité mais contre la manière de faire à trois titres :

    1.Tous les Français doivent participer à l'impôt. Progresser vers un système ou une petite minorité supporte les dépenses des 80% restants, c'est une très mauvaise direction et, pour le compte, une mesure typiquement socialiste. Regardons Paris ou le 16ème arrondissement, tout en étant conchié régulièrement par la majorité municipale, paie à lui seul 50% des impôts locaux de la ville, je trouve que ce n'est pas sain, quand bien même c'est l'un des plus riches. Cela revient petit à petit à donner le droit à une majorité de s'arroger le pouvoir de décider comment doit dépenser ou non l'argent que possède une minorité. Ce n'est pas la même chose qu'une participation à l'effort commun.

    2.La taxe d'habitation est une taxe locale. C'est aux habitants de chaque ville de définir ce qu'ils veulent ou non comme fiscalité, et in fine au maire de chaque ville. Un système ou l'État décide revient à recentraliser le pouvoir ce à quoi je suis très opposé. Je pense que l'État ne doit pas imposer aux collectivités locales leurs obligations et leur fiscalité.

    3.Si l'État compense le manque à gagner, car je ne vois pas d'autres options que de le compenser, ce ne sera pas une véritable baisse d'impôts. D'une manière ou d'une autre quelqu'un paiera à moins que l'effort soit financé sur la base d'économies cas dans lequel, par curiosité, j'aimerais bien savoir lesquelles...

    Conclusion : bonne tendance mais il faut trouver un autre biais, qui concerne tous les Français sans exception, et préserve les libertés des collectivités.

  • Le pari de Marine Le pen

    J'ai un souci avec Marine Le pen. En fait, je ne la déteste pas. Je ne la crois pas fondamentalement malhonnête (bon, il y a quand même le petit épisode de son garde du corps au Parlement européen, hein ?). Je pense qu'elle essaie de créer un parti de droite populiste et, pour ce faire, elle essaie de nettoyer le FN tant de ses éléments les plus extrémistes que des mesures programmatiques les plus rédhibitoires, aux yeux des Français du moins. On le voit avec l'euro dont la sortie automatique ne figure plus à son agenda ou encore la peine de mort à laquelle elle a pour l'instant renoncé. On voit aussi qu'elle s'entoure, comme dans les autres partis, d'énarques, de cadres administratifs, de polytechniciens et plus généralement d'une intelligentsia de haut niveau. 

    Je concède aussi que c'est une femme intelligente et belle, charismatique et qu'elle a toujours de la tenue dans ses réunions, émissions et interventions politiques.

    Le plus inquiétant, c'est que ce qu'elle dit n'est pas déconnant à 100%.

    Jusque là, on pourrait se dire «Mais ? il nous fait une lune de miel avec le FN ou quoi ? Mẽrda, il est tombé amoureux de la Marine ?» . Non, les amis, pas du tout. Je ne suis pas dupe. Ok, tout le monde n'est pas à jeter au FN mais je n'oublie pas un certain nombre de fondamentaux.

    Ce parti recèle encore un sacré ramassis d'antisémites, négationnistes, néonazis, intégristes et autres fumiers de tout poil. Dans un sondage qui a moins de deux ans, on voyait aussi que l'électorat du FN était celui qui comportait le plus d'électeurs antisémites (jugeant que les Juifs prenaient trop de place en France) : près d'un sur deux. C'est aussi au sein de ce parti que s'étalent au sens propre (lors des événements et des meetings) tout une littérature révisionniste (avec ses maisons d'édition spécialisées).

    Tout cela, je ne l'oublie pas.

    Je donne quitus à Marine Le pen de ses efforts pour tenter de nettoyer les écuries d'Augias mais je constate que le compte est encore loin d'y être.

    Et puis quand je lis les 144 propositions, quand j'ai dit qu'elle n'était pas déconnante à 100% ça ne veut pas dire que tout est sensé pour autant.

    Le plus délirant, c'est sur l'immigration. Plus de double-nationalité extra-européenne ? Ah ? Et les couples franco-russes, par exemple, puisque Madame Le pen est une grande amie de Poutine, ils feront quoi ? Idem pour les franco-américains, et cetera, je peux allonger la liste. 10 000 étrangers sur le sol français par an ? Bon, on chasse tous les expatriés et les étudiants étrangers alors ? Voilà une mesure authentiquement délirante.

    Tout le caractère protectionniste de son programme fait plus que de m'inquiéter : je me demande si elle a percuté qu'à chaque mesure protectionniste de la France correspondra une mesure similaire chez nos partenaires avec toutes ses conséquences sur nos exportations et donc l'emploi.

    Autre chose : Marine Le pen a l'air de penser qu'elle pourra imposer aux banques leurs taux d'intérêt quand elles font des prêts. Je me demande si elle a bien compris comment marche une banque. C'est bien simple : soit elle peut rentrer au minimum dans ses fonds soit elle ne le peut pas et dans ce cas, elle ne prête pas. Au pire, si on la force à prêter, elle cesse ses activités dans le pays où elle est active et/ou s'expatrie. Résultat des courses : assèchement généralisé du crédit. Beau résultat.

     Je vois beaucoup d'État dans le projet de Madame Le pen. A-t-elle songé qu'il ne faudrait pas le confondre avec la hotte du Père Noël et que toutes ses interventions ont un coût ? Comme je ne vois pas d'autres biais que l'impôt ou la création monétaire (mais si elle n'est pas adossée à de la création de richesses elle aboutit à une dévaluation et donc à une baisse sauvage du pouvoir d'achat), je dois dire que je serais passablement angoissé si elle devait arriver au pouvoir.

    Supprimer l'AME, banco sur le plan sanitaire : les clandestins qui ne pourront plus se soigner deviendront contagieux et des formes résistantes de pandémie pourraient se répandre sur tout le territoire national. Quand le cauchemar devient réalité. Bravo, Madame Le pen, pour votre méritoire roman d'anticipation...

    Je tape là où cela fait mal, mais dans le reste de son programme, il y a pas mal de choses qui sont loin d'être idiotes. Le problème, c'est qu'elles relèvent quand même pas mal de voeux pieux avec un État devenu impuissant. Car c'est bien ce que je crains qu'il adviendrait à un État Front National.

    Dernier point, et cela touche la santé : apparemment la filière biologique, cela n'existe pas en France, si l'on en croit son programme. Pas un mot dessus. Or, en termes de santé, vu les ravages créés par les pesticides et les adjuvants les plus nocifs dans la production alimentaire française, il faudrait un tantinet s'en préoccuper, non ?

  • Bayrou, Macron, deux antipodes

    Je ne vais pas être très long. Daniel Cohn-Bendit explique que si Bayrou ne rejoint pas Macron, c'est une question d'ego.

    L'analyse est d'une stupidité sans nom et contredite par les faits. Bayrou était tout prêt à s'allier avec Alain Juppé. Cela prouve bien qu'il n'accorde pas plus d'importance que cela à sa candidature dès lors qu'il estime qu'elle ne fait pas sens.

    On connaît Daniel Cohn-Bendit, il est de mauvaise foi depuis longtemps, ce n'est pas nouveau.

    Faute de disposer d'un programme de la part de Macron, je me suis rendu sur le site de militants dévoués qui ont religieusement essayé de donner une cohérence à ce qu'ils avaient entendu de sa part.

    Cela ne fait pas foi, on s'en doute, mais, en dépit du caractère disparate de la recension, on peut se faire parfois une vague idées sur quelques sujets.

    Le site s'appelle Vision Macron.

    J'ai regardé quelques points qui m'intéressent.

    La stratégie industrielle, les 35 heures, la flexi-sécurité, l'économie circulaire, la compétitivité française, un capitalisme de long terme, et repenser l'école.

    Sur l'industrie, il n'y a rien. Se contenter de penser et de faire de la formation. Ah si, aggraver les effets de la loi El Khomri pour que tous les accords soient négociés au plus près de l'entreprise. Bref, rendre le salarié plus vulnérable. Il veut aussi alléger les charges sur les entreprises. Je ne suis pas contre, mais il faut bien comprendre qu'il escompte le financer par un redéploiement et un élargissement de la CSG. Ceux qui applaudissent doivent comprendre qu'in fine, ils paieront plus d'impôts et que ce seront eux qui financeront l'effort de compétitivité...

    Je trouve qu'on est donc très loin du niveau de réflexion de François Bayrou sur la stratégie industrielle, notamment sur ce qu'elle peut déployer en services associés et en pérennité pour justifier des coûts en apparence plus élevés. Macron incante, mais pour l'instant, il n'a pas l'ombre d'une idée. 

    Côté énergétique, aucune proposition sinon la promesse de conserver le nucléaire parce qu'il permet une production d'énergie décarbonnée. Sur ce point, outre le renouvelable, j'aimerais tout de même qu'on observe un jour les progrès technologiques accomplis avec les autres énergies ou encore qu'on s'intéresse davantage à la fusion à froid, pour autant qu'elle soit possible.

    Sur l'économie circulaire, Macron se limite à évoquer le recyclage. D'accord, quitus, mais après ? Rien. Pas de raisonnement sur le circuit court, et, en tout cas, pas de raisonnement valable sur l'emploi de proximité.

    De manière générale, tout est de cet acabit. Bien sûr, le travail effectué par les militants qui ont fait ce site est remarquable car ils sont parvenus à faire un peu avec rien. Il n'en reste pas moins qu'à l'heure actuelle, Macron ne propose pas de vision structurée.

    Si je m'en tiens donc à son action politique, c'est à dire ce qu'il a fait sous le quinquennat de François Hollande, on peut dire qu'au moins dans le domaine de l'économie et du travail, on est très loin du projet de François Bayrou.

    Le ralliement de soutiens aussi éculés et peu crédibles que Minc, Kouchner et Attali est le signe d'un dégonflement imminent de la bulle. Macron devra tôt ou tard répondre aux questions que la trop bienveillante sphère médiatique se garde bien de lui poser.

  • Bon, Fillon a gagné la primaire, que fait-on, nous autres centristes ?

    Les centristes ont soutenu Juppé depuis toujours, on peut dire qu'on est marrons, ce soir, mais, depuis la percée de François Fillon au premier tour, c'était assez prévisible.

    Je suis partisan de ne pas se précipiter. Comme je l'ai déjà écrit, les relations personnelles entre François Fillon et François Bayrou sont bonnes. Ils ont de l'estime l'un pour l'autre et ont parfois partagé des diagnostics.

    Cela dit, à l'heure actuelle, les propositions de François Fillon ne sont pas compatibles avec celles des centristes, tout du moins, de François Bayrou.

    Ceci ne signifie pas que des rapprochements ne sont pas possibles. 

    Il nous faut un projet plus clairement défini que ce qui existe actuellement au MoDem, a fortiori à l'UDI.

    Je maintiens dur comme fer que l'économie doit en être le fer de lance. Économie, nouvelle économie, industrie, services à la personne, circuits courts, relocalisations et made in France, tout cela va ensemble. 

    Le reste ne doit pas être oublié : la place de la santé, l'école, la sécurité, la diplomatie, le principe de précaution, la sécurité sanitaire à laquelle j'associe l'écologie et l'agriculture.

    La difficulté, c'est que nous n'étions pas partis vers une campagne présidentielle même si je suis convaincu que François Bayrou a un certain nombre d'idées sous le coude.

    Ce n'est pas non plus la fin du monde, il faut juste passer de l'incantation à la réflexion puis de la réflexion à l'action. Cela me semble possible.

  • Juppé vs Fillon : pas le choix, c'est Juppé.

    Dans la primaire Juppé contre Fillon, il n'y a pas de problème d'hommes pour moi. L'un et l'autre sont des gens droits. On n'est pas du tout dans la problématique d'une primaire où il y aurait Sarkozy.

    Le débat, dans cette histoire, il est programmatique. 

    Il ne s'agit pas de voter parce qu'on est de gauche, du centre ou de droite modéré, mais de bien considérer le programme présenté.

    Je crois Fillon honnête, mais je maintiens que son programme économique ne tient pas la route face à celui de Juppé. 

    Je ne fais pas de faux procès à Fillon : non, il n'est pas homophobe, pas anti-IVG non plus (il dit qu'il aurait voté la loi Veil), pas du tout thatchérien (accusation débile, comme Juppé, il souhaite maintenir le modèle social français). Il n'a jamais cherché à jouer de la fibre identitaire pour diviser ni dragué le FN. Bref, c'est pas ça les problèmes.

    Le problème, c'est l'économie, le pouvoir d'achat, l'emploi, la méthode. Il se plante. Il se trompe sur son raisonnement. Il va mettre notre pays en panne. Il s'apprête à piloter notre pays à l'aveugle.

    Il promet aux Français des larmes et du sang seulement : plus de travail, moins de revenus et pas que dans la fonction publique. Supprimer 500 000 emplois va mécaniquement provoquer du chômage et ce d'autant plus qu'il n'a pas une seule mesure pour relocaliser l'emploi dans son programme. Pas une, contrairement à Juppé.

    On va travailler plus et s'appauvrir. C'est son programme. Je lui concède que reconstituer les marges des entreprises est un bon calcul, mais pas comme il le fait.

    Pas de réflexion non plus sur les nouveaux tournants économiques : des services, et, avec les imprimantes 3-D, bientôt de l'industrie, peer-to-peer. Fillon ne voit pas les évolutions sociales, sociétales et économiques : il est obsédé par sa réduction de fonctionnaires et le temps de travail.

    Pire, l'homme qui a déclaré par le passé la France en faillite s'apprête à laisser filer un déficit budgétaire de 4.2% !

    Augmenter la TVA de deux points quand on pays s'enrichit, ce n'est pas idiot, mais au moment où il va appauvrir une sévère partie de la population, c'est juste désastreux.

    Comme centriste de centre-droit, je le dis, si Fillon gagne, à moins de changer en profondeur son programme, mais autant voter directement pour celui de Juppé, dans ces conditions, ce sera impossible de négocier un accord de gouvernement avec lui.

    On verra dimanche, de toutes façons : je suis stupéfait de voir autour de moi des personnes venus de tout horizon politique qui déclarent désormais vouloir voter contre Fillon dimanche prochain, pas contre l'homme, mais contre ses mesures.

    Peut-être que je rêve les yeux ouverts, mais il se peut que le prochain dimanche nous réserve un rebondissement tout à fait inattendu.

  • Fillon/Macron même combat : baisse des salaires

    Je ne peux d'aucune manière cautionner les projets de François Fillon sur la durée du temps de travail. Il veut faire baisser le pouvoir d'achat des Français et il s'en vante en plus ! 

    Je le cite :

    «Tout le  monde doit faire un effort, travailler plus et gagner un peu moins»

    Alors ça, je ne suis pas prêt de l'oublier. Les Français sont de plus en plus précarisés, ils s'appauvrissent et Fillon veut aggraver leur cas ?

    Le dernier à avoir fait ce genre de calcul, c'était Macron, et avec lui Hollande, puisque l'un et l'autre voulaient baisser l'obligation de rémunération des heures supplémentaires à un niveau plus élevé.

    Fillon se vante d'avoir le courage de dire la vérité à la France, moi j'aimerais qu'on ait tous le courage de dire à Monsieur Fillon ses quatre vérités dimanche prochain.

    Juppé est juste dix fois plus raisonnables et sensé dans ses observations, toutes de bon sens.

    En ce qui concerne le pouvoir d'achat, je reçois à 200% l'analyse que François Bayrou a fait de longue date : les Français ne gagnent pas assez d'argent. Il faut envisager un programme économique qui leur permette de gagner plus et d'améliorer leur pouvoir d'achat.

    Fillon va complètement à rebours de cette perspective. Si Juppé perd, cela ne sera absolument pas possible de mettre en place une alliance ou un accord de gouvernement. 

    On est trop opposés. Fillon nous envoie dans le mur, avec son projet économique. Je ne vais pas l'accompagner en chantant en prime, non plus.

     

  • Cher Alain Juppé, je regrette de ne pas vous avoir plus soutenu.

    Si j'avais pu deviner un instant la tournure qu'a pris la primaire de la droite, je n'aurais pas fait la fine bouche. Pour moi, je songeais que Sarkozy serait battu sans trop de difficultés mais je n'avais pas vu venir François Fillon. Ce n'est pas l'individu qui me dérange, comme François Bayrou, je juge l'homme droit, mais son programme me hérisse et je sais aussi qu'il est très conservateur.

    Je suis bien content que François Bayrou ait en tête un projet alternatif. A moins que François Fillon ne fasse un très grand pas, je ne vois pas comment on peut construire un projet commun avec lui à l'heure actuelle, bien que sur quelques points, il existe tout de même une base de convergences (la dette, les déficits, la fiscalité excessive, la lourdeur juridique).

    De ses 15 mesures, il n'y en a qu'une seule à laquelle j'adhère à 100% c'est celle qui touche la famille (allocations familiales et quotient familial). Mais c'est bien la seule et, de toutes façons, Juppé en propose autant.

    On a avec Alain Juppé un projet qui s'est bonifié avec les mois et les ajustements, à la façon d'un bon vin qui gagne en saveur et en finesse avec le temps. Tout n'était pas parfait, bien sûr, mais les principaux fondamentaux étaient là, et puis on savait que Juppé ne serait pas brutal. Fillon ne parle que d'électro-choc, lui.

    Juppé a une vision équilibrée de la transition entre l'ancienne et la nouvelle économie. On le voit dans sa vision de l'entreprise où il comprend qu'il y aurait une malhonnêteté à faciliter des nouveaux entrants dans un secteur sans offrir une contrepartie aux acteurs établis qui ont dû supporter charges, impôts surnuméraires, achats de licences et de fonds de commerce et contraintes administratives de toutes sortes.

    Je ne crois pas que Fillon ait ce souci d'équité et je pense que les indépendants actuels et leurs centrales vont souffrir avec lui, tout comme avec Macron, au demeurant, auquel je fais exactement le même reproche.

    Au début, j'étais contrarié par les projets d'Alain Juppé sur l'école car je trouvais qu'il ne se positionnait pas assez en rupture avec les Socialistes. Mea culpa. Je l'ai relu, et en fait, son projet a beaucoup de qualités, entre autres d'offrir la liberté à ceux qui veulent s'en saisir.

    C'est au fond ce que j'aime bien chez cet homme, outre sa droiture et son éthique, c'est qu'il n'impose pas (enfin, n'exagérons quand même pas), il propose. On le perçoit dans un grand nombre de ses propositions. 

    Je mets en garde la droite : si vous ne mettez pas d'eau dans votre vin, nous centristes de droite et de gauche, nous ne nous allierons pas avec vous et nous présenterons notre propre candidat. Par les temps qui courent, gens de droite, je vous conseille de rassembler. N'imaginez pas votre actuel candidat fétiche élu sans coup férir sous prétexte qu'il aurait en face de lui nécessairement Marine Le pen. Pour cela, il faudra passer le premier tour.

    Si Macron se présente, bien que pour le compte, je n'aime pas sa manière d'agir, je serai pragmatique et pourrais voter pour lui (dans l'hypothèse où Baurou ne serait pas candidat, évidemment) contre Fillon s'il devenait le candidat de la droite, d'autant que j'ai écouté ses premières propositions et qu'elles ne sont pas toutes à jeter, loin de là.

    Allez, Alain Juppé, les modérés vous soutiendront jusqu'à la dernière minute. A Dieu vat, comme disait le capitaine du navire au milieu de la tempête autrefois.

  • Sécurité, autorité de l'État, l'imposture de Fillon

    Je ne vais pas disserter longtemps : Fillon joue la carte du rétablissement de l'ordre mais je rappelle qu'il a l'intention de ne pas augmenter les effectifs des forces de l'ordre, pas plus que ceux des prisons et pas davantage ceux de la justice. En revanche, il a été le premier ministre d'un gouvernement qui leur a rogné les ailes. Bravo pour ses riches idées en temps de terrorisme...

    On croit Juppé mou, mais sur tous ces points, il a un projet de rétablissement de l'autorité de l'État qui tient la route, contrairement à Fillon. 

    De toutes façons, Fillon peut bien dire ce qu'il veut, avec 500 000 suppressions de fonctionnaires, il va créer mécaniquement du chômage et mettre en panne plusieurs services de l'État.

    Quant à augmenter le temps de travail des fonctionnaires avec le même salaire, c'est à peu près aussi infect et minable que la baisse de rémunération des heures supplémentaires de Macron dans la loi-travail.

    Le programme de Fillon n'est pas crédible. Je suis un électeur de centre-droit, je ne suis pas un électeur de gauche. Tous mes derniers votes sont à droite ou au centre. Je crois quand même être crédible quand je dis à mes lecteurs que Fillon vous enfume avec son programme préparé depuis trois ans mais toujours pas viable.

  • François Bayrou, vite, vite, une mise à jour de votre programme économique !

    Cher François,

    Vous êtes passé sur mon blog récemment et je vous en remercie. J'aimerais croire qu'Alain Juppé a encore une chance, mais quand vous considérez l'avance de François Fillon, les ralliements de Sarkozy et Bruno Lemaire, c'est franchement mal barré. Il paraît que 15% des électeurs étaient de gauche. Je ne pense pas qu'ils ont voté pour Fillon, et, maintenant que Sarkozy est éliminé, ils ne se déplaceront probablement pas au second tour.

    Bref, Alain Juppé est dans une sale situation. Nous autres, centristes, on va évidemment voter pour lui, mais je crains vraiment que cela ne soit pas suffisant. Je connais le programme de François Fillon dans la plupart des domaines. Il est vraiment éloigné de nos idées, même si, évidemment, en théorie, sur certains points, on pourrait s'entendre.

    Bref, François, vous allez avoir du boulot, parce qu'il va falloir travailler sur un programme complet un peu en catastrophe. Je ne vois pas une entente de premier tour possible entre François Fillon et vous. 

    J'ai toujours dit que votre programme de 2012 avait du bon, mais maintenant, il faut le mettre à jour. Et, dans les taches à accomplir, il faut qu'on démonte l'imposture Macron aussi, tant qu'à faire.

    Il y a quand même quelques esprits qui réfléchissent au futur. Parfois, ce sont plutôt des gens de gauche, comme chez Numerama, parfois plutôt gens de droite, comme Hashtable (j'ai beaucoup de divergences avec lui, mais ce qu'il dit sur l'économie est toujours intéressant).

    On parle beaucoup d'identité et de sécurité, mais mon intuition me dit qu'il ne faut pas trop se laisser entraîner sur ce terrain là. Quelques propositions fermes et nettes et passons à autre chose. L'autre chose, c'est l'emploi et l'économie.

    Et dans ce domaine, vous avez dit déjà pas mal de choses intelligentes. Il y a vos circuits courts et votre Made in France de 2012. Votre constat que les Français ne gagnent pas assez d'argent et que la baisse de leurs revenus n'est pas la bonne variable d'ajustement de la compétitivité des entreprises. Votre insurrection contre les injustices de la loi El-Khomri, riante idée de Macron, contre la baisse de la rémunération des heures supplémentaires.

    Votre grande idée, au fond, en 2012, c'était de relocaliser l'emploi. Donner une valeur ajoutée forte aux produits industriels grâce aux services associés et à leur garantie, par exemple.

    A mon avis, c'est là-dessus qu'il faut travailler : les emplois impossibles à délocaliser à forte valeur ajoutée. C'est possible dans de très nombreux domaines. Le pouvoir d'achat est une question centrale et au coeur de la misère et du sentiment d'abandon de nombreux Français, précarisés en nombre toujours plus important.

    Vous n'aurez pas le temps de travailler sur tous les sujets en si peu de temps. Creusez celui-là à fond : l'économie, l'emploi, le pouvoir d'achat. Sur l'éducation, vous aviez un bon programme, il n'y a rien à changer et ce n'est pas un sujet majeur pour cette élection. L'écologie doit être intégrée à l'économie et à la santé. C'est un sujet dont vous pouvez vous saisir car la sécurité sanitaire inquiète de plus en plus les Français. Raison supplémentaire pour évoquer l'agriculture biologique et la médecine. Bref, vous pouvez faire quelques liens.

    Peut-être que dans une semaine, je vous dirais à cette heure-là que je m'étais fait du mauvais sang pour rien, mais franchement, je crains bien être prophète à peu de frais cette fois-ci.

    Proposons ensemble, proposez un programme économique en béton armé aux Français. Voyez les chefs d'entreprise, les comités de salariés et discutez avec ceux qui ont des idées nouvelles. 

    La droite actuelle a une grosse faiblesse : elle ne propose que des recettes éculées. La gauche ment et n'a pas d'idées, et de tous ses avatars, Macron et sa bonne conscience de DRH prêt à socialement licencier les pauvres gens sont les pires.

    Engouffrons-nous dans la brèche et essayons de sauver notre pauvre pays et ses habitants de l'abîme vers laquelle nous mène la vague populiste et/ou réactionnaire qui la submerge à l'heure actuelle.