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  • L'Arabie Saoudite et Daech

    Je lis souvent que l'Arabie Saoudite financerait Daech. J'ai pourtant l'impression que les rapports du royaume wahhabite avec l'Islam radical ne sont pas simples. Très certainement, il y a eu des financements saoudiens en faveur du radicalisme de longues années. Il y en a encore probablement. Mais lesquels ?

    J'ai souvent le sentiment que l'Arabie Saoudite n'est pas tout à fait un état unifié. Non pas qu'il soit menacé d'éclatement, mais plutôt que le pouvoir y soit bien plus diffus qu'il n'y paraît, morcelé entre les différents membres de la famille royale, les principaux chefs tribaux et une profusion de religieux.

    L'attitude de l'Arabie Saoudite en Égypte montre que ce pays n'a plus confiance dans la mouvance conservatrice des Frères Musulmans. Les dirigeants saoudiens, la partie dominante de la famille royale, disons, craignent de voir leur pouvoir et leur pays menacés par le prosélytisme des radicaux d'aujourd'hui. Dans le même temps, ils partagent nombre de valeurs avec eux. Ils ne peuvent donc s'empêcher de les nourrir, jusqu'à un certain point du moins.

    Quand on dit qu'il y a des financements occultes qui proviennent d'Arabie Saoudite en direction de Daech, je veux bien le croire, mais se font-ils avec l'aval du roi, j'ai déjà plus de doutes sur le sujet. 

    Par ailleurs, l'Arabie Saoudite a une peur bleue de voir l'influence de l'Iran s'étendre dans la région et voit avec amertume les Chiites dominer l'Irak, longtemps entre les mains des Sunnites. Cette inquiétude permanente peut expliquer ses hésitations et ses ambivalences contre Daech.

    Je suis en tout cas à peu près certain d'une chose : réévaluer nos rapports avec l'Arabie Saoudite et le Qatar ne fera pas avancer d'un pouce notre lutte contre l'islamisme radical. Je pense d'ailleurs que l'islamisme radical n'est qu'un vecteur et que le djihadisme se nourrit bien plus du complotisme et malheureusement de la formidable caisse de résonance que lui donne internet que de l'influence des madrasas wahhabites. 

    A cet égard, fermer les mosquées salafistes en France est une erreur grossière. Mieux vaudrait donner à l'Islam français les moyens de contrôler qui vient dans les mosquées et l'aider à pouvoir distribuer des accréditations. La Mosquée de Paris assure qu'elle n'a pas les moyens de former les imams sur tout notre territoire, mais elle a peut-être suffisamment de présence pour pouvoir s'entretenir avec les imams étrangers qui viennent sur notre sol et leur donner ou leur refuser une attestation.

    Je regrette à cet égard que nous ne puissions profiter du statut particulier de l'Alsace (concordat) pour y implanter de véritables écoles coraniques françaises. Ce n'est qu'une question de volonté politique. Encore faudrait-il pour cela ne pas se tromper de cible et cesser de pointer à tout bout de champ l'Islam...

    A défaut, et je sens que les cheveux des nationalistes vont se hérisser, si nous ne pouvons ou ne savons construire un Islam français paisible et harmonieux, sous-traitons cette tache à un pays dont les moeurs sont compatibles avec les nôtres. Des accords pourraient être trouvés avec le Maroc, sous l'autorité du roi Mohamed V, pour former des imams avec lesquels il n'y aurait pas de conflits sur nos valeurs fondamentales.. Je crois savoir qu'il en existe déjà quelques uns, d'ailleurs.